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Commentaire de ddacoudre

sur Passe ton bac+5 d'abord


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ddacoudre ddacoudre 21 août 2007 00:08

Bonjour j’ai aimé l’article sauf quand il prend les enseignant pour tête de trucs justifiants les échecs d’évolution de l’éducation nationale, c’est le coup de violon traditionnel. J’ai également apprécié le tient et j’ai bien peur qu’avec le gouvernement actuel il faille attendre même plus de 50 ans s’il réussi sa réforme des universités.

La « transdisciplinarité » est peut-être une évidence pour les scientifiques d’aujourd’hui, certainement moins pour Mr tout le monde qui n’a le regard que vers un lien direct du savoir débouchant sur un emploi.

Pourtant cette démarche les scientifiques ont dû apprendre à la faire, en battant en brèche l’idée selon laquelle ne peut être prises en compte que les recherches pointues compétitives dans une spécialité donnée. Encore en 1950 des scientifiques s’opposaient sur l’idée que seulement leur spécialité spécifique était la plus capable d’expliquer le monde. Cette démarche de transdisciplinarité a été qualifiée de « vision sommaire du Tout » par Murray Gell-mann (prix Nobel 1969 pour la théorie des quarks) qui a contribué à la création d’un institut pluridisciplinaire, le Santa Fe Institut , et Benoît Mandelbrot (polytechnicien qui décrivit la géométrie Fractale en 1975) exprime la même idée en se qualifiant de « pionnier par nécessité ».

« La diversité de la vie sur Terre représente une information distillée au cours de quatre milliards d’années d’évolution biologique, et sur la relation analogue qu’entretient la diversité culturelle humaine d’Homo sapiens sapiens. Je soutiens que la diversité biologique et la diversité culturelle méritent toutes deux de grands efforts afin d’être préservées »... « Mais il n’est pas réellement possible de considérer ces questions isolément. Le réseau de relation qui lie l’humanité à elle-même comme le reste de la biosphère est aujourd’hui si complexe que tous les aspects s’affectent les uns les autres à un point extraordinaire. C’est une étude du système tout entier qu’il faut réaliser, aussi sommaire doive-t-elle être, parce qu’aucune mise bout à bout d’études partielles d’un système adaptatif complexe non linéaire ne peut donner idée du comportement du tout. Certains efforts débutent pour mener une telle étude sommaire des problèmes mondiaux, intégrant tous les aspects pertinents, qu’ils soient aussi bien environnementaux, démographiques et économiques, que sociaux, politiques, militaire et idéologiques. La vocation de l’étude n’est pas de se réduire à une simple spéculation sur le futur, mais de tenter d’identifier, parmi les multiples sentiers possibles pour l’avenir de l’espèce humaine et le reste de la biosphère, quels sont ceux qui avec une probabilité raisonnable pourraient mener à une plus grande durabilité. Durabilité est ici entendu au sens large pour inclure non seulement l’évitement d’une catastrophe environnementale, mais d’une guerre désastreuse, d’un despotisme généralisé à long terme et d’autres fléaux de cet acabit tout au tant. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage un nombre d’allusions au Santa Fe Institue, que j’ai contribué à fonder... ». Murray Gel-Mann. Le quartz et le jaguar. Édition Flammarion.

Convaincu de devoir créer sa propre mythologie, Mandelbrot ajouta cette phrase à son entrée dans le Who’s Who : « La science irait à sa perte si (comme le sport) elle plaçait la compétition au-dessus de tout, et si elle clarifiait les règles de cette compétition en se confinant à l’intérieur de spécialités étroitement définies. Les rares savants qui ont choisi d’être nomades sont essentiels au bien être intellectuel des disciplines établies » ? Ce « nomade volontaire » qui se qualifiait de « pionnier par nécessité », quitta l’institution académique en quittant la France et en acceptant le refuge que lui offrait le Thomas J. Watson Research Center d’IBM. Gleick. La théorie sur le chaos. Éditeur Flammarion.

Quand des hommes aussi intelligent, l’on fait, qu’est-ce donc qui empêche les plus humbles de le faire ; si ce n’est qu’ils se croient plus intelligent que ce qui le sont, et qui eux sont humbles.

Pourtant, nous restons dans une version généraliste d’un « maximum minimal » du Tout, à cause d’un enseignement général tronqué. Certaines disciplines manquant du fait même de sa limite arbitraire, fixée dans sa durée par nos contraintes économiques, et nos pratiques culturelles. Une situation dont nous devrons tous sortir, pour entrer dans le maximum possible dans l’intérêt socio-économique de l’espèce.

Certains s’en exclus de fait par le choix des orientations professionnelles, dans lequel l’exercice de leur profession ne nécessitera pas d’avoir une compétence pluridisciplinaire, disons la majorité d’entre-nous. Quant à l’apprentissage professionnel, s’il offre la souplesse d’un enseignement général plus lent, ce dernier est relégué à un rang subsidiaire par les acteurs eux-mêmes, et il ressort de ce processus, des professionnels qui auront à construire leur bagage de culture générale sans aide, et il en est de même pour les filières professionnelles. Des professionnels pour qui Platon est une planète (pluton) ou un militaire, De Gaule un porte-avions en panne, et que nous les laisserons aux soins « éducatifs » des mas média, parce que disons-nous, ils ont la liberté (indépendance financière que donne le revenu du travail) de rester des ignorants faute de temps à leur consacrer. D’une autre manière, nous disons, si durant leur scolarité nous n’avons pas les moyens techniques de suivre les retardataires, au moins s’ils ne deviennent pas instruits ils auront un métier.

C’est certes une réalité cruelle, mais elle pèsera bien évidemment sur les choix qu’exige l’exercice de la citoyenneté.

Dans une étude sur les « tendances » des français il ressort de l’analyse sur la formation (éducation permanente), qu’elle jouera un rôle essentiel, de même que la culture générale, et de dire : « Les connaissances resteront sans aucun doute importantes, mais c’est surtout la capacité de les relier entre elles et de faire une synthèse intelligible qui seront déterminantes ». Les employés et les cadres seront emmenés à chercher les informations pertinentes, à les actualiser et à les appliquer dans un contexte particulier. Dans cette optique, la Culture générale redeviendra essentielle. Les lettres pourraient alors prendre leur revanche sur les mathématiques. La sociologie, la géopolitique, la philosophie, l’art, l’histoire des civilisations ou des religions seront des outils de plus en plus nécessaires aux cadres et aux dirigeants, dont le métier pour ceux-ci est d’intégrer le présent afin d’inventer l’avenir ». Si je me félicite de cette tendance, elle ne correspond pas tout à fait à celle que je défends, et qui va au-delà des seuls actifs cadres et dirigeants. Cette tendance est exclusive, donc élitiste, confiant toujours aux dominants l’exclusivité de la connaissance, comme s’il devait toujours exister des privilèges ou des privilégiés, comme si les dirigeants étaient investis d’une fonction prédestinée de guide, voire messianique.

Et elle présente encore les spécialités en termes de confrontation.

Ce n’est qu’une Idée reçue que les mathématiques et la littérature s’opposent. Cette tendance des français ne tient évidemment pas compte de ceux qu’ils ignorent, que notre monde et nous y compris sommes conçus de « particules » (ondes et corpuscules en mécanique quantique). Son approche par la seule pensée philosophique n’a pas suffit à ouvrir les voies de la compréhension du fonctionnement de notre Univers et de notre Être, sans passer par une traduction mathématique qui quantifie, nous éclaire donc, mais figent les choses dans une mesure. Une mesure qu’il nous faut regarder comme une rampe de lancement. Et ainsi la pensée ayant conçu les mathématiques, il n’y a pas d’opposition entre connaissances littéraires et mathématiques. Cela évitera à des commentateurs de dire au cours d’un matche de football lors d’un tir, que le ballon s’accélère en touchant la pelouse mouillée. En effet, ce sont les mathématiques qui sont devenues le langage de la concrétisation scientifique, de l’ensemble de nos théories bâties par la pensée, et elles ont permis d’en faire la vérification et l’application. Bien que ce soit les deux, littérature et mathématique, qui associées et vulgarisées, permettent à chacun, de naviguer dans toutes les autres disciplines. La construction du raisonnement repose tout autant sur la connaissance du langage lexical qui permet le développement de la pensée abstraite, que des mathématiques qui offre la logique déductive, et séparer les deux n’est pas sans incidence sur l’appréciation de notre existence. Ceci permet à chacun d’y trouver les repères dont il a besoin. L’inverse est allé à contre sens de la nécessité de transdisciplinarité, parce qu’il est aussi nécessaire dans notre société, d’avoir des dirigeants compétents que des citoyens qui le soient tout autant. Quelques hommes célèbres ont décrit cette nécessité d’être compétent en raillant l’ignorance. C’est ainsi que Chateaubriand dans « René » disait : « on ne hait les hommes et la vie que faute de voir assez loin », et Lamartine « infini dans sa nature, borné dans ses vœux, l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ». Prévert, lui écrivait « il poursuivait une idée fixe, il s’étonnait de ne pas avancer ». Et comme rien n’est jamais simple je conclurai avec ce propos de Victor Hugo « l’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir ».

Il nous reste donc à l’éclairer.

Il n’est pas concevable aujourd’hui de devenir de petits génies. Quand nous avons besoin de compétences « pointues », nous faisons appel à des spécialistes ou à des experts, car nous nous sommes répartis le savoir comme nous nous sommes répartis les tâches, les deux étant interdépendants. Si nous ne pouvons être experts en tout, nous pouvons accroître notre niveau général de Connaissance et de compréhension. Et c’est ce qui s’est produit avec le développement de l’instruction générale, C.E.P, et aujourd’hui l’objectif est le BAC pour tous, avec en fond, l’incompréhension populaire de trouver des techniciens de surface bachelier. Cela, en relevant que le CEPE est tombé dans l’oubli et que le BES suit la même voie, comme diplômes permettant d’accéder à des emplois. Pourtant malgré ce nous prétendons, nous perpétuons ce vieil adage Sumérien : que l’initie instruise l’initié, l’ignorant ne doit pas savoir, de telle manière que certaines disciplines ne sont accessibles qu’à certains, qu’elle que soit la sélection par laquelle cela procède, et que nous qualifions de « sélection naturelle », pour devoir nous dispenser de la démocratiser. Et il y a aujourd’hui d’impérieuses raisons socio-économiques à enclencher une vitesse supérieure, pour maîtriser notre puissance technologique, réduire la résurgence de l’intolérance, et réduire la violence croissante.

Et pour cela il n’est pas nécessaire d’être des génies, mais bien obligé d’en savoir un peut plus, d’accéder à se savoir que se réserve l’élite pour ne pas se tromper de cible, en croyant que le bac d’aujourd’hui est un ascenseur social, alors qu’il est tout juste l’équivalant du BEPC d’après guerre,si cen’est pas moins.

Alors, nous avons un certain choix. Le développement de la pensée « créatrice » peut se faire, par la seule observation de l’existence en fonction de nos seules aptitudes réduites à leur environnement, dans le but d’un seul intérêt immédiat, comme nos ancêtres Cro-Magnon pour les plus lointains. Ou bien par l’observation de notre existence, grâce à des structures d’un apprentissage permanent, pour enseigner tout ce que nous avons accumulé comme savoir et connaissance depuis nos illustres ancêtres durant notre existence, afin de se préparer à des événements que cette accumulation de connaissances et savoir induiront également. Actuellement, nous passons au mieux 13 années dans un enseignement de culture générale ou professionnelle, et nous restons environ 55 ans et plus à considérer que nous avons assez appris, tout en restant en permanence conditionnés à notre apprentissage empirique, ou à ceux qui en font l’effort, à l’éducation permanente. En effet, nous sommes aussi cela, un animal qui apprend en permanence, mais nous y donnons aussi un autre nom, « le vécu ».

Faute de comprendre cela nous ne trouverons aucune raison qui justifie un apprentissage permanent tout au long de l’existence, et nous demeurerons socialement des hommes des « cavernes », même si nous sommes capables d’aller en trouver sur Mars, parce que nous transporterons ces cavernes avec nous, pour nous être abandonné. (J’utilise le terme « caverne » pour l’image erronée populaire qu’il véhicule.)

COrdialement. Et désolé pour la longueur ;


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