Je
souhaite partager ici quelques remarques personnelles à propos de
l’homme .
La
peinture de Nicolas de Staël reflète la trajectoire de son
existence . Sa vie se confond avec les déchirements de son siècle .
Il est né à l’aube de la première guerre mondiale qui s’achève
avec la révolution russe en 1917 marquant une rupture pour ce
descendant de la noblesse de Saint-Pétersbourg . On retrouve tout
au long de son œuvre le drame de l’enfance , les années d’errance
après le déracinement , le dénuement d’une vie de bohème , l’âme
slave , ainsi que le regard puissant et mélancolique de ce météore
.
La
musique est omniprésente , dans ses gènes comme sur ses toiles .
Une analyse psychanalytique de son œuvre ferait sans doute resurgir
les traumatismes de l’enfance, la lutte constante entre éros et
thanatos ,conduisant chez lui à la victoire finale de la pulsion de
mort au terme d’un incessant travail marqué par les soubresauts de
la sensibilité et de la passion .« Mais le vertige, j’aime
bien cela , moi. J’y tiens parfois à tout prix, en grand. »1954
Il a
laissé plus de 1000 tableaux , autant de dessins, une abondante
correspondance et des liens d’amitié durables avec des écrivains,
poètes, critiques qui stimulèrent ses recherches et ses hésitations
. Il a laissé l’énigme d’une vie menée tambour battant .
C’est
pour l’ensemble de ces raisons que j’aime Nicolas de Staël , sa
puissance émotionnelle , sa personnalité extrêmement attachante ,
son refus hautin de toutes les écoles, à l’encontre des diktats
d’une époque qui le sommait de choisir entre abstraction et
figuration . Son parcours brille d’un éclat singulier dans
l’histoire de l’art du XX ème siècle