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Commentaire de Emmanuel Aguéra

sur Solution à deux États  : Discours de Lapid et position palestinienne


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Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 22 octobre 2022 11:03

Bonjour,
Sujet intéressant ; pour ma part, j’ai toujours pensé que cette « solution à 2 états » était un leurre politiquement correct qui évite aux uns et aux autres de dévoiler trop abruptement leurs desseins réels et pourtant bien connus.
Car, concrètement, aujourd’hui, nous y sommes, aux « 2 états ». La belle affaire... Il y a un état Palestinien, (sous)représenté à l’ONU, et évidemment un état d’Israël. C’est juste un fait quelles que soient les criantes disparités, rapports ou différences de traitements entre ces 2 entités.
Oslo, 1993 : le principal, tant pour Arafat que Begin est de crédibiliser la possibilité d’un accord, impossible sur le papier tant le clivage, idéologique et sur le terrain, est évident. Cet accord doit pourtant être un consensus acceptable pour recevoir l’aval états-unien et celui de l’ONU. Alors, on couche sur le papier cette « solution à deux états », qui brille dans les salons diplomatiques mais qui, tous le savent, ne résout rien car à l’époque déjà, d’une part les 2 entités existent, et d’autre part l’antagonisme est patent dans la réalité, alors qu’Israël y mène la danse et fait ce qu’elle veut. Begin paraît hors-sol, héros des uns et traitre des autres, qui finiront par s’en débarrasser.

Alors pourquoi cet accord inutile ? Oui, Clinton voulait rentrer dans l’Histoire, mais je pense qu’il s’agissait, autant pour Arafat que pour Begin, d’utiliser cette opportunité pour marquer un consensus avant d’aller plus avant dans une reconnaissance multilatérale d’une Palestine souveraine. Oslo, en un mot, devait n’être qu’une étape.
La droite israélienne l’a bien compris, et déjà débarrassée de Begin, elle se débarrassa d’Arafat, laissant Oslo orphelin et un embryon d’état palestinien contraint à sa botte.

Et depuis, dans ce contexte instable de « provisoire qui dure », le nettoyage ethnique se poursuit, la colonisation explose, l’apartheid règne, bref, un état bien établi en dévore un autre qui peine à se maintenir et encore plus à se reconstruire.

Alors voilà ce que je pense de cette « solution » à 2 états qui en effet n’en est pas une,et qui pour moi n’a jamais eu vocation à l’être, et ne le sera jamais. C’est la carotte ressortie par ceux qui croient aux miracles et bien-sûr par ceux qui ont intérêt à ce qu’on croie aux miracles.

Et je m’inquiète évidemment du futur. Sur le long terme, une Israël démocratique ne pourra assoir de légitimité durable sur un génocide, elle-même qu’un autre génocide a rendue possible. Si cette légitimité avait coulé de source, l’affaire serait réglée depuis longtemps. La négation par l’état hébreu de la préexistence

de la Palestine historique, culturelle et ethnique pourra-t-elle perdurer ? J’en doute et je pense que fatalement un jour ou l’autre, à moins d’éliminer jusqu’au bout le peuple palestinien, sa culture et sa mémoire, il faudra bien lui reconnaître son existence, composer avec elle et partager enfin dignement cette terre qu’on s’accapare dans la violence et le silence complice des autres nations. C’est ma façon d’espérer.
Car sinon, le sang continuera de couler, le malheur des uns uns et des autres perdurera, les positions se radicaliseront toujours plus et je crois malheureusement qu’on est loin d’avoir vu le pire.
1 seul état, donc, mais intelligent et en bonne intelligence.


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