"Comme ce fut le cas, écrit
Eugénio Garin, avec « l’admonitio généralis de 789, où
Charlemagne remettra en vigueur et complétera certaines dispositions
préexistantes mais inappliquées, en imposant l’ouverture d’écoles
où l’on apprend à lire aux enfants."
Vous retardez : il y a belle lurette
que même les instits ne racontent plus à leurs élèves que
Charlemagne a inventé l’école (ni que nos soi-disant ancêtres
gaulois croyaient que le ciel leur tomberait sur la tête).
Charlemagne a bien institué un "type
d’école" et non de l’école, née bien avant lui. Il s’agissait
d’apprendre à lire et à écrire aux enfants des nobles qui étaient
illettrés pour constituer une aristocratie qui puisse rivaliser avec
l’église romaine dont le pouvoir reposait en grande partie sur
l’érudition de ses clercs et leur aptitude à se référer à un
droit écrit, ce qui en faisait des intermédiaires incontournables
qui défendaient souvent plutôt les intérêts de Rome que ceux
d’Aix-la-Chapelle (Aachen, puisque Charlemagne parlait francisue,
c-à-d bas-allemand, comme les Mosellans du nord et les Sarrois)
Ce qui est rigolo, c’est que le mythe
de Charlemagne comme père fondateur de l’école, a été fabriqué
et répandu dès le neuvième siècle par un homonyme de France Gall,
célèbre pour la chanson à la gloire du héros concerné. Il s’agit
du moine Notker de Saint-Gall (né vers 840 et mort en 912),
musicien, mais également écrivain et poète, et considéré comme
l’auteur de la Gesta Karoli Magni, un recueil d’anecdotes sur la vie
de Charlemagne, dans lequel est abordé la question de l’école.
Les « historiens » du second
empire chargés par Napoléon III de fabriquer un récit national
montrant l’unité historique de l’état(nation France qui aurait déjà
existé dans les mêmes frontières depuis la nuits des temps, puis
ceux de la Troisième République qui leur ont emboîté le pas quand
ce n’était pas les mêmes, ont joué leur rôle dans la diffusion du
mythe carolingien, comme quoi les écrits révisionnistes peuvent
être utilisés a posteriori comme références historiques, et
l’Italien Eugenio
Garin, chantre de la Renaissance italienne, est le dernier avatar de
ces propagandistes.
Cela
dit, en effet, avant Jules Ferry, il y avait des écoles, déjà
en Mésopotamie vers – 3 500.