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Accueil du site > Tribune Libre > Quand la Reine de Hongrie était vendeuse aux Halles

Quand la Reine de Hongrie était vendeuse aux Halles

Au fil des siècles, Paris a été le cadre de surprenantes histoires. Amusantes ou sanglantes, certaines sont anecdotiques, d’autres ont profondément marqué la capitale de leur empreinte. Comment pourrait-il en être autrement dans une ville si ancienne, si imprégnée des soubresauts de la vie politique, et si grouillante d’activité populaire ? Parmi ces histoires, l’on dit qu’au 18e siècle, la Reine de Hongrie fut, chose étonnante, vendeuse aux Halles...

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Le marché des Innocents (halles) et Marie-Thérèse d’Autriche en médaillon

Situé au cœur de Paris (dans la partie est du 1er arrondissement), et symbolisé tout à la fois par la superbe église Saint-Eustache et le disgracieux temple de la consommation qu’est le Forum des Halles*, le quartier éponyme est sans conteste l’un des plus animés de la capitale. Avec ses nombreux et appétissants commerces de bouche, ses bistrots à l’ancienne, ses bars à vin aux terrasses avenantes, et ses restaurants branchés, il attire non seulement les Parisiens mais aussi des foules de touristes français et étrangers. Mais combien, parmi toutes celles et tous ceux qui déambulent sur les trottoirs du quartier en quête de pittoresque, ont remarqué qu’au n°17 de la rue Montorgueil s’ouvre un passage dont le linteau gravé nous apprend qu’il est dédié à la Reine de Hongrie ?

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Entrée du passage de la Reine de Hongrie rue Montorgueil

Que vient faire là cette souveraine hongroise, si loin de son impressionnant palais de Budavár et des rives du majestueux Danube ? Et de quelle reine parle-t-on ? En l’occurrence, il s’agit d’une aristocrate de la maison de Habsbourg qui, durant 40 ans, a porté la couronne de Hongrie : l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche. Or, il se trouve que cette dame, par ailleurs impératrice du Saint-Empire romain germanique (le cumul des fonctions ne posait alors aucun problème), a compté parmi ses 13 rejetons – pauvre femme ! – une certaine Marie-Antoinette d’Autriche, 12e enfant de cette pléthorique fratrie. Celle-là même qui allait devenir « la ci-devant épouse Capet » après que la Révolution française ait fait chuter son monarque de mari, le roi Louis XVI.

Va pour ces souveraines ! Mais on ne voit toujours pas quel rapport existe entre ces têtes couronnées et les Halles de Paris, ce lieu éminemment populaire et bruyant – ne parlons pas des odeurs ! – où ni Marie-Antoinette ni a fortiori sa mère n’auraient posé leurs escarpins ni couru le risque de maculer leurs somptueuses robes de soie. Il existe pourtant un lien entre ces éminentes altesses royales et le « ventre de Paris » tel qu’on le nommait déjà, longtemps avant le roman de Zola : il se nomme Julie Bêcheur. Surnommée « Rose de Mai » dans le quartier, cette femme était, dit-on, logée dans ce passage de 45 m de long, ouvert en 1770 entre la rue Montorgueil et la rue Montmartre (eh oui, la rue Montmartre n’est pas du tout située près de la fameuse butte, la voirie parisienne est espiègle).

De la guillotine au flacon de parfum

De son état, cette brave Julie Bêcheur gagnait sa vie en vendant des fruits et des légumes sur les étals des Halles. Or, il advint qu’en 1789, confrontées aux rigueurs de leurs conditions de travail, des commerçantes eurent l’idée de soumettre des doléances – c’était dans l’air du temps – à la reine de France afin qu’elle intercédât en leur faveur auprès du roi. Un cahier fut rédigé et une délégation chargée de se rendre à Versailles pour le remettre à la reine. La souveraine reçut fort courtoisement les déléguées. Parmi elles figurait Julie Bêcheur. En découvrant son visage, Marie-Antoinette observa à voix haute que la marchande ressemblait à sa propre mère, décédée quelques années plus tôt. Il n’en fallut pas plus pour qu’aussitôt la vendeuse des Halles soit surnommée « la reine de Hongrie ».

Hélas ! Julie Bêcheur, reconnaissante à Marie-Antoinette de lui avoir valu ce surnom vite popularisé dans les allées des Halles, exprima publiquement sa sympathie pour la reine en un temps où l’orage menaçait la monarchie. Vint la Révolution, puis la Terreur, laquelle fut fatale au roi le 21 janvier 1793. Le 16 octobre de la même année, c’était au tour de la « veuve Capet » d’être guillotinée par le bourreau Sanson. Julie Bêcheur, coupable aux yeux du Tribunal révolutionnaire, d’avoir manifesté de l’amitié pour « L’Autrichienne » fut à son tour décapitée. Exit la reine de France. Exit la « reine de Hongrie ». C’est en 1806, après avoir été dénommé en 1792 Passage de l’Égalité, que la courte voie où vécut Julie Bêcheur reçut le nom de Passage de la Reine de Hongrie.

Cette histoire est-elle véridique ? Difficile de l’affirmer. Car si l’historien Jacques Hillairet, auteur du remarquable Dictionnaire historique des rues de Paris (Éditions de Minuit, 1963) en fait mention en accréditant la rencontre avec Marie-Antoinette, il instille lui-même le doute dans un supplément de son ouvrage où il raconte une autre version : Julie Bêcheur, la « fruitière-orangère » la plus riche des Halles, serait décédée en 1776, et non guillotinée en 1794. Quant à la dénomination du fameux passage, elle ne serait pas due à un surnom dont Julie Bêcheur aurait hérité, mais à un parfum de romarin alors très prisé de la noblesse et de la grande bourgeoisie : l’eau de la Reine de Hongrie.

Qui dit vrai ? L’historien Jacques Hillairet ? Ou son alter ego Hillairet Jacques ? Allez savoir...

En 2019, ce vaste centre commercial – 90 000 m² ! – a été renommé Westfield Forum des Halles par le groupe qui en est propriétaire.

Note : Le marché des Innocents qui illustre cet article a été peint par le Suisse John James Chalon. Faute de tableau de la fin du 18e siècle, cette illustration est par conséquent anachronique, le tableau étant daté de 1822, soit 33 ans après la rencontre de Julie Bêcheur avec Marie-Antoinette. Le médaillon est, quant à lui, un détail de l'un des portraits de Marie-Thérèse d’Autriche peints par le Suédois Martin van Meytens.

Autres textes où il est question de... guillotine :

Moi, Jean-Marie Legent, marin-pêcheur, bourreau de circonstance (octobre 2023)

Moi, Hélène Jégado, tueuse en série et cuisinière (octobre 2017)

Autres textes en rapport avec Paris  :

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Montmartre : bienvenue au 12 rue Cortot (juin 2011)

Dans la caverne d’Ali Baba (mars 2010)

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28 réactions à cet article    


  • leypanou 20 mai 12:56

    Mais combien, parmi toutes celles et tous ceux qui déambulent  : c’est bien l’auteur, vous connaissez la bonne manière d’écrire.

    On compte sur vous pour utiliser aussi iel smiley


    • Fergus Fergus 20 mai 13:14

      Bonjour, leypanou

      Définitivement non : je suis allergique à l’écriture inclusive et à ce type de pronom artificiel.

      Bien que farouchement partisan de l’égalité hommes-femmes, je ne crois pas en effet qu’il soit utile de réformer les pratiques d’écriture : soit on utilise une formulation comme celle que vous citez, soit on garde l’usage de la primauté pluriséculaire donnée au masculin.

      Je suis en revanche très attaché à la féminisation des noms de métier. C’est pourquoi cela fait belle lurette que je nomme les soldates du feu des sapeuses-pompières. smiley


    • amiaplacidus amiaplacidus 20 mai 16:17

      @Fergus

      L’écriture dite inclusive est en réalité terriblement exclusive.

      Elle exclut une importante minorité, les dyslexiques, en leur compliquant sérieusement l’apprentissage de la lecture.


    • L'apostilleur L’apostilleur 20 mai 16:22

      @Fergus
      « ..je ne crois pas en effet qu’il soit utile de réformer les pratiques d’écriture .. »
      D’acird avec vous, c’est du verbiage.
      Quand même pour d’une ange ...


    • Fergus Fergus 20 mai 17:03

      Bonjour, amiaplacidus

      Entièrement d’accord avec vous.
      J’ajoute qu’une langue doit, dans toute la mesure la possible, être la même à l’écrit qu’à l’oral, ce qui n’est évidemment pas le cas avec cette écriture.


    • Eric F Eric F 20 mai 17:16

      @Fergus (message de 13h14)
      Vous n’utilisez pas l’écriture inclusive ...mais le langage inclusif avec la formulation obligée ’’celles et ceux’’ smiley

      Ce que vous désignez comme ’’la primauté pluriséculaire donnée au masculin’’, se définit de manière grammaticale par l’usage du masculin en tant que ’’générique’’(*) (exemple l’homme au sens de l’être humain).
      Noter que jadis les noms de métiers étaient souvent féminisés (vendeuse), ce sont les titres’’ ou grades qui étaient masculin-générique (docteur).

      (*) ’’générique’’ pour désigner de manière générale (le terme ’’neutre’’ signifiant littéralement ni l’un ni l’autre n’est pas approprié).


    • Fergus Fergus 20 mai 17:36

      @ Eric F

      En réalité, les noms de métiers naguère « féminisés » étaient ceux où les femmes étaient majoritaires ou au minimum très nombreuses. On n’a jamais parlé de « mineuses » ou de « pêcheuses » !

      Vous avez raison pour le « générique ».


    • Fergus Fergus 20 mai 17:43

      Bonjour, L’apostilleur

      C’est en tout état de cause laid et, comme le souligne amiaplacidus, cela rend la compréhension malaisée, et pas seulement aux dyslexiques.


    • Eric F Eric F 20 mai 17:50

      @Fergus
      Effectivement de nombreux métiers étaient jadis spécifiques à un sexe donné, notamment métiers de forces pour les hommes (mineur), métiers de finesse pour les femmes (dentelière). On avait quand même des vendeurs et des vendeuses des cultivateurs et cultivatrices, etc, La mixité s’est amplifiée, il y a même des hommes qui sont sage-femmes (mais le terme sigbnifie : ’’qui donne des soins aux femmes’’)


    • Fergus Fergus 20 mai 19:06

      @ Eric F

      Le mot « cultivatrice » est d’autant plus ancien qu’il y a toujours des femmes qui ont occupé des fonctions dans l’agriculture.

      Pour les hommes « sage-femme » on emploie parfois le terme de « maïeuticien ». Mais l’on ne dit curieusement pas « maïeuticienne » pour une femme.


    • Eric F Eric F 20 mai 19:58

      @Fergus
      Ah, mais n’est-ce pas du machisme d’employer un terme savant utilisé par les philosophes grecs quand c’est un homme qui exerce cette profession, et un terme banal quand c’est une femme qui l’exerce -et encore, on parlait jadis de matrone-. smiley


    • gruni gruni 20 mai 13:58

      Bonjour Fergus

      « Qui dit vrai ?... Allez savoir... »

      Une légende, peut-être vraie allez savoir, prétend que l’ex reine Marie Antoinette a marché, "sur le pied du bourreau et que ses dernières paroles ont été : « Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès »

      C’était une autre époque... Le bourreau lui, ne s’est pas excusé !


      • Eric F Eric F 20 mai 16:45

        @gruni

        ’’Le bourreau lui, ne s’est pas excusé !’’


        Il a coupé court à la conversation

        (elle aurait mieux fait de fermer son c[l]apet)


      • Et hop ! Et hop ! 20 mai 17:13

        @gruni : «  C’était une autre époque... Le bourreau lui, ne s’est pas excusé ! »

        Marie-Antoinette ne peut pas avoir prononcé cette phrase dont la forme est anachronique.

        Pourquoi voulez-vous que le bourreau s’excuse ? Il faisait son job.
        C’est les hommes politiques qui ont condamné à mort Marie-Antoinette qui auraient pu le regretter. Ils ne l’ont pas regretté puisque c’est ce qui leur a permis de s’emparer du pouvoir, de devenir riches et célèbres.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Conventionnel_régicide


      • Fergus Fergus 20 mai 17:14

        Bonjour, gruni

        On raconte en effet cette anecdote.

        « Le bourreau lui, ne s’est pas excusé ».
        Dommage
        , s’il avait été un galant homme, Sanson, avant d’émonder la reine, aurait pu lui répondre « Madame, j’ai ressenti cela comme une caresse ». Mais le lieu et les circonstances ne s’y prêtaient pas.


      • Seth 20 mai 15:56

        On a d’ailleurs perdu la composition exacte de l’eau de la reine de Hongrie qu’utilisait aussi la Palatine qui la mentionnait dans ses courriers.


        • Fergus Fergus 20 mai 17:24

          Bonjour, Seth

          « On a d’ailleurs perdu la composition exacte de l’eau de la reine de Hongrie »

          Vous me l’apprenez, je croyais qu’elle était encore connue des parfumeurs.



        • Seth 20 mai 19:00

          @Fergus

          Ce n’était pas un parfum mais une espèce de « remède » à base d’hydrolat de romarin. La formule exacte n’existe plus à ma connaissance, s’il y en a eu une...

          Confondez pas avec le vinaigre des 4 voleurs supposé protéger de la peste. smiley


        • Fergus Fergus 20 mai 19:07

          @ Seth

          Mais cela a aussi été utilisé comme parfum.


        • Eric F Eric F 20 mai 16:53

          C’est donc un surnom. Par contre, il est tout à fait véridique que le futur tsar Pierre 1er (le grand), lors d’un voyage d’étude en Europe, a travaillé comme ouvrier dans différents pays pour en apprendre le savoir-faire, qu’il a transposé plus tard en Russie


          • Fergus Fergus 20 mai 17:16

            Bonjour, Eric F

            Merci pour ce lien très intéressant.


          • Et hop ! Et hop ! 20 mai 16:59

            «  Faute de tableau de la fin du 18e siècle, cette illustration est par conséquent anachronique, le tableau étant daté de 1822, soit 33 ans après »

            Très beau tableau, la fontaine était plus haute que l’actuelle, avec un étage de bassins en-dessous.

            La Place des Innocents n’existait pas au XVIIIe, c’était un vieux cimetière avec un cloître tout autour qui a été désaffecté en 1786, tous les os ont été transportés dans les carrières sous la Place Denfer-Rochereau qu’on visite, les « catacombes ». Il y a plein de vues du cimetière et des innocents et de sa galerie.

            Les Halles étaient à l’emplacement de l’actuel forum, il doit y avoir aussi des illustrations. Il y avec un grand pilori où on pouvait exposer six condamnés avec une pancarte indiquant leur faute. Ils était couvert pour qu’ils soient à l’abris des intempéries avec un socle de 2 mètres de haur pour les mettre hors d’atteinte des malveillants. Une femme de la halle avait été condamnée à 3 jours de pilori pour avoir jeté un trognon de choux sur l’un d’eux.


            • Fergus Fergus 20 mai 17:23

              Bonjour, Et hop !

              J’aime beaucoup ce tableau. Comme nombre de ceux que le musée Carnavalet consacre à Paris.
              A ce propos, j’informe les personnes qui ne le sauraient pas que les collections permanentes de ce très beau musée sont en accès libre et gratuites.

              Merci pour vos précisions. L’histoire de ce lieu est riche en anecdotes. 


            • Octave Lebel Octave Lebel 20 mai 18:31

              Belle histoire à tiroirs qui nous fait voyager dans Paris, dans l’histoire et en imagination. Je me permets d’ajouter un petit tiroir secret. Qu’a donc fait Julie Bêcheur, la « fruitière-orangère » la plus riche des Halles entre sa mort en 1776 avant d’être guillotinée en 1794 ? Il y là à mon avis un petit scénario dans le genre historico- fantastique à exploiter pour les fournisseurs de Netfix smiley

               


              • Fergus Fergus 20 mai 19:15

                Bonsoir, Octave Lebel

                « Il y là à mon avis un petit scénario dans le genre historico- fantastique à exploiter pour les fournisseurs de Netfix »

                Un scénario explorant les mystères de l’espace-temps dans une monarchie finissante pourrait séduire les amateurs du genre. Pourquoi pas ?

                Merci pour votre commentaire.


              • hommelibre hommelibre 21 mai 08:44

                Texte et commentaires fort intéressants.

                Merci.

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