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Accueil du site > Actualités > Europe > L’Allemagne, nœud gordien de l’Europe

L’Allemagne, nœud gordien de l’Europe

L'Allemagne reste aujourd'hui encore la plus grande puissance en Europe.

C'est dire que toute ambition politique européenne ne peut non seulement l'ignorer, mais requiert son adhésion.

Pour parvenir à ce but, il est nécessaire que l'Allemagne redevienne européenne.

C'est-à-dire ni nationaliste, comme elle l'a été depuis le XIXe siècle, ni américaine comme elle l'est depuis 1945.

L’Allemagne, plus grande puissance démographique et économique de l’Europe, située en son centre, s’avère aujourd’hui à nouveau le nœud gordien de l’Europe.

Éclipsée temporairement par d’autres puissances européennes ascendantes, la France puis la Grande-Bretagne, l’Allemagne a depuis la fin du XIXe siècle retrouvée la prépondérance qui fut la sienne depuis la fin de l’Empire romain.

Une prépondérance toutefois encore démographique et économique, mais plus de nature politique, puisqu’elle a perdu, comme presque tous les pays européens, sa liberté de décision au profit de son tuteur américain.

Une anomalie totale pour un peuple qui depuis l’antiquité a été un des seuls d’Europe à n’avoir jamais été vaincu par d’autres.

Bien au contraire, la spécificité de l’Allemagne c’est d’avoir triomphé des Romains et de tous les peuples dominés par eux.

Les Allemands, c’est-à-dire les Germains comme disent encore les Anglo-Saxons (Germans), sont le seul peuple européen à avoir résisté à la conquête romaine, ce qui ne fut pas le cas des divers peuples celtes ou autres : Celtes de Gaule (France), de Bretagne (Grande-Bretagne), d’Italie du Nord (Lombardie), d’Ibérie (Ibères), Grecs, Basques et autres.

Sans pour autant se substituer aux populations celtes indigènes, ils les dominèrent politiquement par le biais de leurs diverses tribus (Francs, Angles, Saxons, Burgondes, Lombards, Wisigoths, Ostrogoths...) et créèrent ainsi les premiers royaumes européens depuis la colonisation des Celtes par les Romains.

Ils purent continuer à dominer tous les autres peuples d’Europe par le biais du Saint Empire Romain Germanique, devenu tentaculaire, multinational, multiculturel, multiconfessionnel, hétéroclite, de par sa fusion apparente avec ses ramifications autrichiennes des Habsbourg et Espagnoles.

Cet édifice artificiel vit peu à peu son centre quitter les Allemagnes pour la péninsule Ibérique et ne résista pas à la soif de liberté des peuples asservis à un pouvoir qu’ils ne reconnaissaient pas à l’image des habitants des Pays-Bas.

Par ailleurs les excroissances territoriales que les Germains avaient acquises tant à l’Ouest qu’à l’Est sur les autres peuples (Gaulois, Slaves) se heurtèrent progressivement à la reconquête par les Français en Lorraine et Alsace et des Polonais à l’Est des régions d’où ils avaient été chassés, puis à une domination totale jamais acceptée de la France napoléonienne, fille de la Révolution française.

Affaiblie pour la première fois, l’Allemagne, continuellement à la recherche de ses frontières mouvantes depuis l’antiquité, ne retrouva sa puissance qu’à la fin du XIXe siècle avec l’émergence de la Prusse sous la férule d’Otto Von Bismarck.

Blessée dans son essence, dans sa langue, dans son âme, elle commença à se soulever derrière le flambeau de Schiller et de Goethe pour finir par le rassemblement de son peuple dans une unité politique qu’elle n’avait jamais véritablement connue.

Décidée à retrouver ses frontières perdues et ses frères germaniques qui avaient volontairement ou involontairement choisi de lier leur destin avec d’autres peuples européens (Autrichiens, Suisses alémaniques, Alsaciens, Lorrains mosellans, Flamands…), c’est avec rage et furie qu’elle se rua à l’assaut de ses voisins d’abord seulement Danois, Autrichiens, Français, puis Slaves comme les Polonais ou les Tchèques, pour finir par la folie meurtrière et le triomphe absolu du Mal d’Adolf Hitler.

Un Mal dont l’Allemagne ne s’est toujours pas délivrée, hélas, comme si le fils d’Hitler devait payer à jamais pour la faute de son père.

Une situation aussi absurde que celle de vieux pays dont les ancêtres se sont mal comportés à un moment donné, à l’exemple des Romains / Italiens dans presque toute l’Europe, des Espagnols, Français ou Anglais en Amérique latine ou en Afrique…

Occupés pour la première fois de leur longue Histoire par les armées des États-Unis d’Amérique, subissant leur influence culturelle au point de devenir les moins européens de tous les Européens, au point que même Madame de Staël qui avait si remarquablement décrit l’âme allemande dans ses écrits (“De l’Allemagne”) serait bien en peine de la retrouver aujourd’hui.

La conséquence de cet état de fait, c’est que l’Allemagne d’aujourd’hui, tout comme le Japon d’ailleurs, reste le pays d’Europe qui s’est le moins délivré de son passé et qui hésite encore à reprendre sa liberté de penser et d’action.

Ecartelée longtemps entre l’alliance avec la France offerte par Charles de Gaulle et la dépendance politique et militaire des États-Unis, l’Allemagne n’a encore opté que pour la réussite économique dans le cadre d’une Union européenne dont elle est la première bénéficiaire à condition de ne pas dilapider sa richesse pour d’autres Européens. Ce qu’elle a réussi remarquablement à faire jusqu’à présent.

Mais cette situation ne saurait durer éternellement.

Le retour progressif des peuples sur la scène mondiale et tout particulièrement européenne qui se manifeste sous des formes variées aussi bien à l’est de l’Europe (Pologne, Hongrie…) qu’en son centre (Autriche, Suisse, Tchéquie…) et désormais à l’ouest (Italie, Grande-Bretagne, Catalogne dite espagnole...) contribue à changer le paradigme idéologique de la vision de notre continent. Une réaction salutaire face aux excès d’une mondialisation apportée certes par le progrès technique, mais totalement incontrôlée et au seul bénéfice d’une minorité apatride universelle comme pouvait l’être autrefois une certaine aristocratie européenne.

Au point d’opprimer les peuples qui désormais manifestent au grand jour leur soif de liberté, tels nos frères allemands qui au moment de la réunification si espérée de leur pays chantèrent à tue-tête “Wir sind ein volk”- “Nous sommes un peuple”.

*

Alain Renaud, le 25 octobre 2019

Si cet article vous a intéressé, je vous invite à lire mes deux derniers ouvrages :

“La France, un destin” Editions l’Harmattan

“L’Europe, un destin”, Editions l’Harmattan.

*

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19 réactions à cet article    



    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 décembre 2019 20:23

      @kéké02360
      Vidéo intéressante, mais ce n’est pas Mitterrand qui a créé l’euro.
      Il a été créé en 1965 à Washington, par 4 Hauts fonctionnaires US et Robert Marjolin, qui était le représentant de la CEE de l’époque.
      .
      C’est dans un document américain, déclassifié en 2000, découvert par un journaliste britannique du Daily Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard.


    • mmbbb 3 décembre 2019 21:46

      @Fifi Brind_acier oui peut etre , Mais il y a aussi la décolonisation qui a obéré notre developpement economique apres la guerre Celle ci nous a coute tres cher socialement ( plus d un million d appelés du contingnet ) et economiquement alors que l Allemagne se redressait a grand pas. G DUBY histoire de France .
      Ce n est ni la faute a L OTAN ni a la CIA mais a notre histoire 


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 décembre 2019 07:24

      @mmbbb
      La France a bénéficié du Plan Marshall comme 15 autres pays européens.
      Seize pays acceptent l’aide américaine : Autriche, Belgique, Danemark, Irlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et Turquie.

      Mais pas l’Allemagne. Et la France n’était pas le seul pays à avoir un Empire colonial. Vous ne démontrez rien du tout.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 décembre 2019 20:11

      Les Allemands feront bien ce qu’ils voudront, ce n’est pas notre problème. Notre problème, c’est de sortir du piège européen, avant de finir comme les Grecs.

      .

      La France aussi n’a connu que 2 périodes de domination étrangère : l’occupation allemande et l’Union européenne. Le mythe du couple franco allemand à la vie dure, c’est une légende urbaine au profit exclusif de l’opinion publique française.

      .

      Le vrai couple est germano-américain. Cf le site Internet de la Maison Blanche.


      • mmbbb 3 décembre 2019 21:39

        «  Bien au contraire, la spécificité de l’Allemagne c’est d’avoir triomphé des Romains et de tous les peuples dominés par eux. » . C etait des tribus hétéroclites vivant de razzias notamment en Gaule , pays riche et convoité et déja structures .en Oppidums Les Romains durent construire le limes ( mur sur plus de 550km ) afin de se proteger . Donc ce n etait pas pas l Allemagne ; L Allemagne c est Bismarck qui l a construite en s opposant a la France . Frederic II dit le despote eclaire regnait alors sur la Prusse ! 

        « l’Allemagne n’a encore opté que pour la réussite économique » . C etait deja son choix initial, assoir sa prééminence par la force de son industrie et de son economie Les Allemands n ont jamais decide a etre les seconds gendarmes du Monde et nous laissent seuls en Afrique par exemple , Et ils ont raison

        P Seguin le disait dans son celebre discours notamment sur le débat de l euro et le traite de Maastricht 

        Quand Macron est alle au USA en 2018, le politologue Georges Friedman , dans une article de l Express , considérait la France comme une colonie de l Allemagne . Il parlait au moins sans ambages 

         L Allemagne est un peuple la France nation Fichte parle de peuple allemand et Renan parle de nation



          • dr.jambon-beurre dr.jambon-beurre 3 décembre 2019 22:22

            Connaissez vous ce site ? https://allemagne-au-max.com/forum/

            Ca fait longtemps que je n’y suis pas allé, mais il y a quelques années ses membres étaient convaincu que la frontière naturelle entre la France et l’Allemagne est :« la ligne bleue des Vosges ».

            Ajoutez à cela les euro régions et vous aurez une vue d’ensemble du projet Allemand pour l’Alsace-Moselle germanique.

            Si vous croyez que 2 défaites ont calmé ce peuple belliqueux, vous vous trompez !

            Les anglais sont nos ennemis historiques, mais les allemands et les américains sont nos ennemis contemporains.


            • dr.jambon-beurre dr.jambon-beurre 3 décembre 2019 22:29

              @dr.jambon-beurre

              Il semblerait bien que nos zélites parasites nazionales nous fassent un « remake » de la kollabo version 21è siècle.

              Ce n’est pas une purge qu’il nous faut mais un renouvellement complet.


            • lala rhetorique lala rhetorique 4 décembre 2019 11:12

              Contrairement à la France qui doit consommer sans produire, l’allemagne produit. Cependant, le peuple allemand n’en récolte pas le bénéfice et se trouve à pratiquer comme aux états unis (plusieurs emplois cumulés pour arriver à bien vivre). Par ailleurs, l’allemagne a oublié de rendre des comptes à son peuple, ce qui pour un allemand (protestant en particulier) est inadmissible ! Aussi les médias allemands se sont mis à mentir, là ça ne passe pas du tout pour ce peuple. Donc on verra comment l’avenir s’articulera, mais il y aura des empêchements de tourner en rond pour les dirigeants allemands !



                • lala rhetorique lala rhetorique 4 décembre 2019 14:27

                  L’Allemagne prend sa réelle revanche et lui avons tendu la perche en 1947 en autorisant son réarmement pour lutter contre le communisme, donc PAN SUR LE BEC LES FRANCAIS


                  • zygzornifle zygzornifle 4 décembre 2019 14:34

                    l’Allemagne est peut être importante pour l’Europe mais comme la France elle n’est qu’une chiure de moucheron au niveau mondial ....


                    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 décembre 2019 19:39

                      @zygzornifle
                      qu’une chiure de moucheron au niveau mondial ....


                      La prospérité d’un pays est liée aux politiques économiques qui y sont menées, pas à sa taille, sinon la Suisse serait un pays du tiers monde...
                      .
                      Et puis les « chiures de mouche » peuvent toujours passer des accords de coopération avec d’autres, plus gros, et ça donne l’ Eurasie, qui fait faire des cauchemars aux occidentaux ...
                      .
                      Si l’ Europe était restée un ensemble de pays souverains, avec des accords de coopération, bi ou multilatéraux, comme le souhaitait de Gaulle, nous ne serions pas dans la zone du monde la plus plombée économiquement de la planète... .
                      Et dans la mouise.


                    • Alain Renaud Alain Renaud 7 décembre 2019 19:24

                      @Fifi Brind_acier Il n’y a pas de petits pays. Il y a des pays libres et ceux qui sont dans les chaines. « Je trinque tout autour. Mon verre est petit, mais c’est mon verre ». Charles de Gaulle.


                    • mursili mursili 5 décembre 2019 09:07

                      Vous faites un contresens sur le slogan « Wir sind das Volk ». Les manifestants de 1989 s’adressaient aux apparatchiks communistes de la RDA qui définissaient leur régime comme une « Volksdemokratie », une « démocratie populaire », pour leur faire comprendre que maintenant le peuple était dans la rue et se dressait contre eux. Ils voulaient dire : Le peuple, c’est nous, pas vous !

                      « Wir sind ein Volk » est une réinterprétation de ce slogan dans le sens d’un appel à l’union entre les deux Allemagnes. Chacun a pu voir par la suite que la « réunification » allemande s’est traduite en réalité par l’annexion de la RDA par la RFA.


                      • Alain Renaud Alain Renaud 7 décembre 2019 19:30

                        @mursili Je vous remercie de cette précision. Ce que l’on peut néanmoins retenir, c’est que les Allemands, pour la première fois depuis la fin de la guerre, se souviennent et rappellent qu’ils sont un peuple.


                      • jjwaDal jjwaDal 5 décembre 2019 09:58

                        L’Europe est une chimère et vous le savez. Elle l’est doublement en tant qu’assemblage hétéroclite et en tant qu’utopie . La façon la plus simple pour l’allemagne de devenir européenne est que l’europe devienne allemande. C’est en bonne voie et malgré cela, on peut dire que ce n’est pas gagné d’avance. Il ne suffit pas d’avoir un rêve ou une vision pour en faire une réalité. La nouvelle mode est le « fédéralisme », qui oublie simplement que pour tenir debout il faut des transferts financiers des zones les plus riches vers les plus pauvres (donc entre Etats actuels) qui devraient être 10 fois supérieurs aux montants actuellement consentis en trainant les pieds, le tout essentiellement à charge des contribuables allemands, les autres étant fauchés.
                        Cela ne se fera pas. Mais la germanisation de l’europe est en très bonne voie après avoir accepté de figer dans des traités les idiosyncrasies économiques allemandes, concernant les taux de déficits, le statut de la banque centrale européenne et une foultitude de choses qui étaient des conditions sine qua non à la présence allemande. Jamais l’allemagne n’acceptera qu’un parlement européen où elle serait mise en minorité décide de sa politique intérieure en matière de budget, de salaire minimal , d’imposition et j’en passe...
                        On peut marier la carpe et le lapin, mais il ne faut pas s’étonner s’il est tumultueux.
                        Quand sans concerter personne, l’allemagne diminue ses salaires ou importe des centaines de milliers d’immigrés sur son sol (en oubliant la marée humaine de chômeurs dans toute l’europe),vous pensez sincèrement que cela préfigure une évolution de l’intégration allemande en europe. Il se trouve que les politiciens allemands ne sont pas encore suicidaires et songent avant tout à résoudre leurs problèmes intérieurs. L’europe comme coquille vide semble les satisfaire dans une large mesure...


                        • Alain Renaud Alain Renaud 6 décembre 2019 23:47

                          @jjwaDal L’Union européenne a été effectivement basée sur une chimère puisque ses fondateurs ont voulu en faire une organisation supranationale ignorant l’existence des peuples. Seule une large confédération bâtie sur le temps long peut permettre aux Européens de rester eux-mêmes tout en partageant un avenir commun.

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