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Commentaire de amaot

sur Affaire Troadec : Caouissin, Compte numéroté, Complice


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amaot 27 mars 2017 13:20

Bonjour. J’adhère totalement à vos remarques quant aux incohérences du récit du prévenu, repris tel quel par la presse sans se poser de questions. Effectivement, l’hypothèse du père qui laisse son garage ouvert, communiquant librement avec l’intérieur de la maison, mais dort avec un pied de biche à son chevet, est absurde. Et tout le reste est de cet acabit.

Ceci étant, les enquêteurs laissent entendre qu’ils ne croient pas du tout à cette version, mais qu’ils ont ménagé le suspect pour en obtenir la plus grande collaboration possible. Pour le reste, toutes les expertises en cours, qui vont durer des mois, devraient apporter un éclairage décisif. Le plus déterminant sera apporté par la morpho-analyse qui permet de reconstituer les mouvements dans la maison à partir des traces de sang. Lorsque ce travail sera abouti, il sera alors possible de construire une doctrine, et de placer l’auteur devant ses contradictions.

Je note aussi que l’avocate de la famille maternelle est aussi dans cette attente des résultats de l’enquête scientifique, et ne croit rien de la version officielle.

En revanche, ne le prenez pas mal, mais le scénario élaboré ici me paraît un brin excessif et romanesque. Le rôle attribué à la fille, notamment, me paraît inconcevable. Ce serait du jamais vu. Qu’un adolescent, sur le coup de la colère, tue sa famille, ça arrive. Mais qu’il agisse froidement et avec détermination avec la complicité d’un tiers, dans un but crapuleux, et fournisse son aide à l’horreur absolue que vous décrivez, non !

D’abord je ne crois pas du tout à cette histoire de trésor. Seule la mère côté paternel affirme son existence. Mais elle reconnaît, naïvement, ne l’avoir jamais vu ! Qui sait si ce n’est pas un pur délire, comme ça arrive si souvent dans les familles. C’est typique du trésor « caché » fantasmé. Je sais, d’expérience, que ce genre de délire existe. Et elle est bizarre, cette mère, qui charge son fils, pourtant victime d’un meurtre horrible, et excuse son assassin. Rien que cette attitude vraiment étrange devrait nous mettre la puce à l’oreille. Ses propos doivent être pris avec réserve, à mon avis. De plus le gendre était, semble-t-il, dans la paranoïa, renfermé, isolé. Tout cela va dans le sens d’un grand délire, auquel ses proches ont contribué.

Quant au trésor de Brest, l’histoire publiée dans le Télégramme, non sourcée, ne l’a été qu’après que cette affaire soit connue. Il n’est donc pas du tout avéré que les cinquante kilos d’or de la banque de France aient été réellement repêchés et cachés dans un immeuble. D’ailleurs je remarque une incohérence énorme : au départ il était question de pièces d’or. Ensuite on a parlé du trésor égaré de la Banque de France, qui, lui, est constitué de lingots. Alors pour faire coller les deux morceaux, on a parlé d’un trésor de pièces et de lingots, mais ça ne va pas, c’est soit l’un soit l’autre.

Donc, très probablement, il n’y a pas de trésor. Par contre, le délire existe bien.

Quant à la scène de crime, il y a le sang des parents en abondance sur le matelas du lit, à l’étage. On en trouve dans les escaliers, jusqu’au garage. Le plus logique est qu’ils ont été tués dans leur sommeil. En tout cas, la bagare mortelle dans le garage ne tient pas. Et à juger de l’acharnement à reduire les corps à l’état de fragments, on peut se demander si l’assassin n’a pas cherché à atténuer l’horreur de son crime, dissimuler la préméditation, que l’on ne sache pas ce qui est arrivé exactement aux victimes, et que l’on s’en remette uniquement à sa version.

Le pantalon de la fille et le livre du père semblent avoir été laissés exprès à quelques centaines de mètres du domicile d’autres membres de la famille, vers lesquels l’auteur a essayé d’orienter les enquêteurs. Il s’agit donc d’une mise en scène, quoique naïve. Les cartes au nom de la fille, placées dans les poches, et le livre au nom du père, n’ont pas été choisis au hasard.

Mais c’est intéressant, car que veut dire cette mise en scène ? A quoi pense t on lorsqu’on retrouve le pantalon d’une jeune fille disparue dans un fossé ? Et si l’assassin a songé à ce genre de scénario, est-ce que cela ne nous met pas sur la piste de ce qui est réellement arrivé à la fille ? Et si ce n’était pas le réel mobile du crime ? On voit bien qu’un sort particulier lui a été réservé, vu qu’on ne retrouve pas son sang. Et du coup, la destruction des corps n’aurait-elle pas pour but d’empêcher de découvrir ce qui est arrivé en particulier à la fille ?

Nous savons qu’elle se manifeste pour la dernière fois sur internet à 19h. Le fils, lui, est actif jusqu’à minuit.

Il y a des sushis au frigo, périmés le lendemain, qui ne sont pas consommés.

Et puis cette question : comment l’assassin a t il pu entrer sans bruit, sans effraction, et tuer quatre personnes tout seul, dont aucune n’a réagi ?

Voici donc une hypothèse, vous me direz si vous la jugez invraisemblable.

Après 19h, la fille sort de la maison pour voir des amis. Elle compte manger plus tard les sushis du frigo.

Mais elle ne revient pas, car elle a rencontré l’assassin. Celui-ci revient avec la clef de la maison, décidé à éliminer la famille, avant qu’elle ne s’inquiète de la disparition.

Il entre par la porte, armé. La première porte à droite donne sur la chambre du fils, qui tente alors de s’emparer de son téléphone, mais trop tard. L’assassin l’a frappé avant qu’il ait pu donner l’alerte. Les parents sont déjà couchés, mais n’ont pas le temps de réagir non plus. Peut-être croient-ils que celui qui monte l’escalier est le fils. Quand la porte s’ouvre, c’est l’assassin qui entre. Ils n’ont probablement pas le temps de comprendre ce qui se passe avant d’être frappés à leur tour.

Enfin, étant donné le goût de l’auteur pour la mise en scène, je suppose que la montre de la mère a été placée exprès sous le lit de la fille, peut-être pour faire croire que la chambre de la fille est aussi une scène de crime, et détourner ainsi l’attention de ce qui lui est réellement arrivé.

Mon hypothèse a cependant un défaut majeur, c’est qu’à minuit, les parents auraient dû s’inquiéter de la disparition de leur fille. Donc, le mystère demeure...


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