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Commentaire de bouffon(s) du roi

sur Ni arsenic, ni cyanure


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bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 30 avril 2017 14:25

@xana

Déjà Platon disait : (La république, livre 3)

- Maintenant, repris-je, quel moyen aurons-nous de faire croire quelque noble mensonge, l’un de ceux que nous avons qualifiés tantôt de nécessaires - principalement aux chefs eux-mêmes, et, sinon, aux autres citoyens ?

- Quel mensonge ? s’enquit-il.

- Un qui n’est point nouveau, mais d’origine phénicienne, répondis-je ; il concerne une chose qui s’est déjà passée en maints endroits, comme les poètes le disent et l’ont fait croire, mais qui n’est point arrivée de nos jours, qui peut-être n’arrivera jamais, et qui, pour qu’on l’admette, demande beaucoup d’éloquence persuasive. 

- Comme tu parais hésiter à parler ! 

- Tu verras, quand j’aurai parlé, que j’ai bien raison d’hésiter. 

- Mais parle et ne crains point.

- Je vais donc le faire - quoique je ne sache de quelle audace et de quelles expressions j’userai pour cela - et j’essaierai de persuader d’abord aux chefs et aux soldats, ensuite aux autres citoyens, que tout ce que nous leur avons appris en les élevant et les instruisant, tout ce dont ils croyaient avoir le sentiment et l’expérience, n’était, pour ainsi dire, que songe ; qu’en réalité ils étaient alors formés et élevés au sein de la terre, eux, leurs armes et tout ce qui leur appartient ; qu’après les avoir entièrement formés la terre, leur mère, les a mis au jour ; que, dès lors, ils doivent regarder la contrée qu’ils habitent comme leur mère et leur nourrice, la défendre contre qui l’attaquerait, et traiter les autres citoyens en frères, en fils de la terre comme eux. 

- Ce n’est point sans raison que tu éprouvais de la honte à dire ce mensonge ! 

- Oui, avouai-je, j’avais de fort bonnes raisons ; mais écoute néanmoins le reste de la fable :
« Vous êtes tous frères dans la cité, leur dirons-nous, continuant cette fiction ; mais le dieu qui vous a formés a fait entrer de l’or dans la composition de ceux d’entre vous qui sont capables de commander : aussi sont-ils les plus précieux. Il a mêlé de l’argent dans la composition des auxiliaires ; du fer et de l’airain dans celle des laboureurs et des autres artisans. Pour l’ordinaire, vous engendrerez des enfants semblables à vous-mêmes ; mais comme vous êtes tous parents, il peut arriver que de l’or naisse un rejeton d’argent, de l’argent un rejeton d’or, et que les mêmes transmutations se produisent entre les autres métaux. Aussi, avant tout et surtout, le dieu ordonne-t-il aux magistrats de surveiller attentivement les enfants, de prendre bien garde au métal qui se trouve mêlé à leur âme, et si leurs propres fils ont quelque mélange d’airain ou de fer, d’être sans pitié pour eux, et de leur accorder le genre d’honneur dû à leur nature en les reléguant dans la classe des artisans et des laboureurs ; mais si de ces derniers naît un enfant dont l’âme contienne de l’or ou de l’argent, le dieu veut qu’on l’honore en l’élevant soit au rang de gardien, soit à celui d’auxiliaire, parce qu’un oracle affirme que la cité périra quand elle sera gardée par le fer ou par l’airain. » 

- Sais-tu quelque moyen de faire croire cette fable ? 

- Aucun, répondit-il, du moins pour les hommes dont tu parles ; mais on pourra la faire croire à leurs fils, à leurs descendants, et aux générations suivantes [...] .


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