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Accueil du site > Actualités > Religions > Le long processus d’enfantement du MYTHE de la TRINITÉ, et ses (...)

Le long processus d’enfantement du MYTHE de la TRINITÉ, et ses problématiques relations (ou non-relations ?) au MAL et au LIBRE-ARBITRE

D'une certaine manière, «  l'histoire du monde, et notre histoire à nous, est en réalité l'histoire de la purification du Grand Dieu Zurvan. Dans cette conception, le monde n'est pas un monde absurde tel que les croyants parfois l'envisagent. Tout est, dans le monde, bien calculé et bien réfléchi, pour parvenir à une fin déterminée [ : la fin du Désordre]. » (1) En cela, au fond, l'antique Zurvanisme, était déjà porteur d'une étincelle d'espoir de la venue d'un monde meilleur.

Dans cet Article, je combine des informations analysées par Abbas Echraghi dans son mémoire « Le mythe persan des jumeaux » (1) avec celles d'autres sources.

Nous abordons ici cinq Trinités-Triades apparues successivement, chacune abritant un monothéisme  : tout d'abord celui de Zurvan, puis de Ahura Mazda peu après. Un demi-millénaire plus tard apparaît Aton, suivi, une grosse poignée de siècles plus tard, par YHWH, durant l'exil à Babylone. Le Judaïsme ne commencera a prendre forme dans une version ''moderne'' (avec Au-delà) que bien après la Septante grecque : c'est-à-dire progressivement, après l'épisode des Macchabées. Le Dieu Chrétien sera décrit peu après, au début de notre ère, dans une version zoroastrianisée.

 

Voici le Plan de l'Article, par ordre chronologique :

> Le Mythe de ''la Triade de Zurvan'' (avec ses deux Fils jumeaux)

> Le Mythe de ''la Triade de Ahura Mazda'' (avec ses deux Esprits jumeaux)

> Le Mythe de ''la Trinité de Amon'' (avec Rê et Ptah), qui introduiront Aton.

> Le Mythe de ''la Trinité de YHWH'' avec (ou sans ?) ses Fils.

> Le Mythe de ''la Trinité de Dieu'' (avec le Fils et le Saint Esprit)

 

 

>>> LE MYTHE DE LA TRIADE DE ZURVAN

(avec ses deux Fils jumeaux)

 

Ce n'est qu'il y a peu que l'on y voit un peu plus clair sur le Dieu Zurvan. Je profite du gros travail de Abbas Echraghi pour sélectionner, parmi ses analyse, celles qui illustrent le mieux mon sujet.

Il convient de garder bien en tête que les mythes ne respectent pas nécessairement nos standards actuels en termes de logique. Il ne faut pas s'y attarder, et se laisser porter par l'essentiel.

 

 

> Petite introduction

 

Émile Benveniste, un des plus grands linguistes des langues indo-européennes, confirme l'origine très ancienne du Mythe de Zurvan, ainsi que son ancienneté temporelle sur les Gathas de Zarathoustra. Il souligne aussi la ''dette'' des Gathas envers le Zurvanisme. (1) On comprendra plus loin pourquoi. Rappelons que le Christianisme a lui aussi une lourde dette envers le Zoroastrisme des Gâthas. La Trinité catholique porte des racines bien plus lointaines qu'on ne le croyait.

Voir ici explications et compléments sur ce dernier aspect :

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/un-regard-d-extraterrestre-sur-nos-243333

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-nazareen-ses-lointaines-racines-238062

 

 

Zurvan l'illimité est le Dieu-Temps, exempt de vieillesse. Il est aussi le Dieu-Destin. Dans le culte de Zurvan, la prédestination est décidée par Zurvan. Elle s'accomplit nécessairement.

 

« Le culte de Zurvan n'attribue aucun rôle significatif à l'homme. Toutes les affaires du monde sont prédestinées par la divinité et suivent la voie tracée par le Grand Dieu Zurvan, afin d'atteindre un objectif principal : retrouver l'unité perdue (…). Zurvan, en tant que destin, se différencie radicalement d'un dieu capricieux et inconséquent. » (1)

 

Contrairement aux Gathas qui se situent clairement dans le cadre moral, le Zurvanisme lui est complètement étranger et ne tolère aucune approche éthique. Il est indifférent à toute valorisation morale de ses interventions dans le monde.

 

« En tant que Temps, Zurvan est toujours enceint de deux éventualités contraires ; il peut annoncer l'arrivée du bien et frapper par le mal, et sur aucun nous n'avons prise. Prétendre être maître de sa vie est une absurdité. » (1) Point de libre-arbitre ! Voilà une vision du monde qui me rappelle celle des premiers Sumériens créés par les dieux avec de l'argile ; les dieux attribuant à chacun un destin auquel nul ne peut échapper.

Dans la ''distribution'' des destins par Zurvan , il n'est aucunement question de récompenses ou de châtiments.

 

Zurvan aura deux fils dont il était enceint. Il se trouve donc au-delà de la lumière et des ténèbres, car elles apparaîtront comme attributs des deux frères jumeaux.

 

 

> Le Mythe de Zurvan et de ses fils jumeaux

 

Le Mythe des origines du Zurvanisme, rapportées par Eznik de Kolb, théologien Arménien du V s., traduits par Louis Mariès (1), est similaire à d'autres récits, mais plus précis. Je m'en inspire  :

« Alors que rien absolument n'existait, ni cieux, ni terre, ni autres créatures que ce soit qui sont aux cieux et sur la terre, existait un dénommé Zrouan. » Il fit des sacrifices afin d'avoir un fils qui aurait pour nom Ormizd qui devait faire les cieux et la terre et tout ce qu'ils contiennent. Après 1000 ans, il vint à se demander si les sacrifices sont utiles, ou faits en vain. Et voilà que deux fils furent conçus. Et Zrouan s'exclama « Celui d'entre eux qui viendra le premier, je le ferai roi. » Ormizd et Arhmn vinrent à le savoir. Aussitôt, Arhmn se présenta devant Zrouan, qui lui demanda qui il était ; ''Je suis ton fils'' répondit Arhmn. Zrouan répondit «  mon fils est parfumé et lumineux, et toi tu es ténébreux et puant ». C'est alors que Ormizd se présenta, parfumé et lumineux.

Ormizd avait été conçu en vertu des sacrifices réalisés, et Arhmn en vertu du doute exprimé.

Pour respecter sa promesse, Arhm fut nommé roi, mais seulement pour 9000 ans. Mais Ormizd, qui avait reçu de Zrouan les baguettes de la prière (=sacrifices), était placé au-dessus de Arhmn, et deviendra roi après ces 9000 ans de règne de Arhmn. «  Alors, Ormizd et Arhmn se mirent à faire des créatures. Et tout ce qu' Ormizd créait était bon et droit, et ce qu' Arhmn faisait était mauvais et tortueux. »

 

Chose étrange pour nous ici, Zurvan, réputé à la fois Dieu-Temps et Dieu-Destin, ignore son propre destin, on l'a vu ; tout comme ses fils d'ailleurs. Selon ce récit, Zrouan serait plutôt un être lumineux. Cependant, les frères jumeaux introduisent un élément dualiste dans cette Triade.

Par ailleurs, notons que le Mythe sépare nettement les fonctions de prêtre (sacrifices) et de roi. Le règne de Arhmn sera donc dominé par le désordre, que seuls les sacrifices peuvent ralentir : un monde où le bien et le mal seront mélangés. Mais, à la fin de ces 9000 ans, Arhmn deviendra impuissant. Ormizd régnera alors éternellement.

 

La perspective de ''salut'' après un certain laps de temps sera reprise dans les Gathas de Zarathoustra, puis sera ensuite aussi adoptée par le Christianisme.

 

En fait, « Zurvan dirige de destin de Ahriman, tout en lui laissant croire qu'il a le choix. » (1) On notera que le Dieu-Tout-Puissant YHWH est dit avoir fait la même chose avec le Roi Perse Cyrus Le Grand (quand il fit libérer les élites Judéennes de Babylone) (Esaïe 45:1-2), ainsi qu 'avec les dirigeants Assyriens et Babyloniens (qu'il envoya pour massacrer et piller Son peuple élu en 'Palestine') (Esaïe 10:5-6) (Jérémie 21:4-6).

 

 

> La datation du Zurvanisme (et du pré-zurvanisme)

 

Le mythe de Zurvan détaillé est rapporté par des sources solides. Dans son ouvrage, Echraghi se livre à une étude textuelle savante afin de déduire le fait que le Mythe s'ancre dans des traditions très anciennes. Pour ma part, je suis allé chercher quelques documentations factuelles à support. Que je vais à présent aborder, en complément et en illustrations.

 

Le Luristan est situé dans les montagnes de Zagros (ouest de l'Iran). L' archéologie y a trouvé des représentations anthropomorphiques de Zurvan en présence de ses fils jumeaux.

 

Composition du Lusée Rietberg de Zurich.

Luristan XII - X centuries BC

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

Outre sa datation (vers le XI s. av. JC), je note trois éléments intéressants :

> Le fils qui est à notre gauche ne touche pas Zurvan, tandis que celui de droite le touche. Ce qui, dans la tradition, signale l'aîné.

> On voit une sorte de forme fœtale rattachée (trait) à Zurvan. Il y avait deux traditions : l'une disait qu'il y avait une mère. Ce qui est en forte contradiction avec le fait que Zurvan était seul aux origines. L'autre tradition dit qu'il a lui-même donné naissance à ses fils. Je suppose que cet ajout rattaché indique cela.

> La jupe-robe de Zurvan est en forme de ''cloche'', ce qui est un élément de tradition spécifique, on va le voir.

 

Fragment de la composition du Museum of Art de Cincinnati.

Luristan VIII - VII centuries BC

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

Sur cette composition du VII s. av. JC, on note un visage féminin au niveau de l'abdomen, qui signale que Zurvan intègre le féminin.

 

Nous nous transposons à présent en Khakassie, située tout au sud de la Sibérie, près de la jonction Kazakhstan-Mongolie. Là se trouve le site pétrographique de Saratsk, à Minusinsk. Les structures trouvées sur place sont attribuée à la Culture Fërodovo/ Andronovo.

 

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Site pétrographique de Saratsk à Minusinsk / Khakassia

Auteur : Alexey Khlystov / CC BY-SA 4.0 DEED

https://en.wikipedia.org/wiki/Sunduki

 

Depuis le point le plus haut du site, on découvre un phénomène optique inattendu (dit ''ombre de Dieu'') surmonté d'un halo solaire au niveau de la 'tête' de l'ombre.

 

Phénomène optique dit ''Ombre de Dieu''

avec son ''corps''en forme de cloche.

(Observation depuis le sommet du sanctuaire de Saratsk)

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

 

Les chercheurs ont montré que le site avait été utilisé pour des observations astronomiques (solstices). D'où les mesures sur le schéma, que j'utilise pour montrer la particularité des lignes de niveau et du terrain, qui permettent techniquement l'apparition de l'ombre surprenante.

 

Apparition de l' Ombre de Dieu au Solstice d'été.

Sanctuaire de Saratsk

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

 

Reconstruction de l'Ombre de Dieu,

surmontée de la face Solaire de Dieu

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

 

Et voici à nouveau nos jumeaux, vers le XVIII s. av. JC :

 

Composition pétrographique du XVIII – XVII s. av. JC

Saratsky Sunduk Sanctuary, Khakassia

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf

https://aaatec.org/documents/article/ge5.pdf - open access -

Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).

 

Bien sûr, sur ce site, et à cette époque reculée, on ne peut espérer trouver un récit. Cependant, il est à noter que la face lumineuse de Zurvan est bien là (ou d'un pré-Zurvan dont on ignore le nom). On note aussi que le premier-né est toujours à droite de l'observateur, et qu'il est le seul à toucher son ''père''.

 

 

Illustration identifiée partout à Ahura Mazda.

En fait, cette image représente un prêtre de Marduk, barbu et vêtu à la mode médique, sortant à mi-corps d'un disque solaire ailé. (1)

L'illustration symbolise le Farohar, la fravarti qui se trouve dans la sphère du soleil et à laquelle se juxtapose le Xvarnah, la Gloire resplendissante qui accompagne les rois depuis l'ancien cycle aryen. (1)

 

 

 

>>> LE MYTHE DE LA TRIADE DE AHURA MAZDA

(avec ses deux Esprits jumeaux)

 

Zarathoustra n'est pas un Prophète. Il transmet un Savoir.

Les Gathas sont les documents attribués à Zarathoustra. Ce sont de loin les plus anciens. La datation de l'antédiluvienne langue des Gathas suggère une date de rédaction voisine de l'an 1.700 av. JC. D'ailleurs, le calendrier zoroastrien traditionnel nous place vers 3800 après Zarathoustra. (3)

L'Avesta est un recueil de textes de diverses sources, beaucoup plus tardifs, qui intègrent aussi les Gathas. L'Avesta est aussi ''attribué'' à Zoroastre.

 

 

> La Révolution Théologique de Zarathoustra (Gathas)

 

Paul du Breuil confirme que le terme de ''Révolution'' convient « pour désigner la transformation radicale des rapports mêmes de la religion, qui fit de l'homme non plus le pauvre hère ballotté par le destin et fuyant ses craintes dans les superstitions et les sacrifices, ou cherchant à connaître les desseins des dieux dans les entrailles animales, mais qui, longtemps avant Saint Paul, l'érigea en collaborateur direct du plan divin, et témoin vivant du Dieu vivant » (2)

Zarathoustra n'affirmait-il pas : « Puissions-nous être de ceux qui travailleront au renouveau du monde. »

 

L'évêque Eusèbe de Césarée (vers l'an 300) disait que le plus belle définition de Dieu faite par les Anciens fut celle de Zarathoustra : « Dieu est le premier des incorruptibles, éternel, non engendré. Il n'est point composé de parties. Il n'y a rien de semblable ni d'égal à lui. Il est l'auteur de tout bien, désintéressé, le plus excellent de tous les Êtres excellents, et la plus sage de toutes les Intelligences. Le Père de la Justice et des bonnes lois, instruit par lui seul, suffisant à lui-même, et premier producteur de la Nature. » (Ref. Préparation Évangélique ; Ramsay, Discours sur la Mythologie – Amsterdam - 1728)

 

Résumé de la Révolution de Zarathoustra(2) :

> Instauration d'un monothéisme absolu et universel au-dessus des deux Esprits confrontés,

> L'intelligence et le discernement dont l'humain est doté lui permet d'user du Libre Arbitre.

> Eschatologie prodigieusement développée autour de la grande bataille cosmique du Bien et du Mal,

> Élimination de tout rituel et de tout sacrifice autre que celui intériorisé de la sanctification de la pensée, des paroles et des actes,

> Formulation du respect de la vie animale (représentée symboliquement par les bovins)

 

 

> Le Mythe de Ahura Mazda et de ses deux Esprits jumeaux.

 

Le Dieu unique Ahura Mazda est paré de six attributs qui sont des idéaux spirituels (Amesha Spenta). Ce sont : la Sagesse, la Bonne pensée, l'Ordre, la Sérénité, la Dévotion, la Santé, l'Immortalité. (2)

Dieu créa deux Esprits, libres de toute attache avec lui, et bénéficiant donc du Libre-Arbitre. C'est-à-dire qu'ils peuvent agir en dehors de la souveraineté divine. (7)

Ces deux Esprits sont donc originellement ''saints''. « La création spirituelle reste donc exempte de tout mal et demeure pure, de toute éternité. » (2) Il n'y a donc pas de dualisme Bien-Mal.

Cependant, à peine posés, les Gâthas décrivent ces Esprits comme opposés en tout. L'un est ''le Bon Choix'' (aussi nommé l'Esprit Saint), l'autre ''le Mauvais Choix'' . Aussitôt, Dieu déploie la Création matérielle dite ''monde mélangé'' où le matériel et le spirituel cohabitent.

Dieu ayant doté l'humain de capacités suffisantes (conscience, discernement, …), Zarathoustra affirme qu'avec le temps, les humains choisiront de plus en plus le ''Bon Choix'' et que le Mauvais Choix s'épuisera. Le monde se rapprochant alors d'un état proche de la pureté idéale initiale. C'est le Plan attribué à Dieu.

 

Les humains étant donc, durant tout ce temps, des co-auteurs de la mise en œuvre du Plan divin. « Puisqu'il possède la liberté de choisir entre le Bien et le Mal, tout en recevant, dans le cadre d'un jugement dernier, les résultats fastes ou néfastes de ses actes dans le monde, l'homme trouve dans le zoroastrisme une place éminente et très influente dans les affaires du monde.C'est finalement l'homme pieux qui repousse le mal dans son issue finale, l'impuissance, et c'est lui qui délivre la création de la souillure qui s'est insinuée dès le premier instant de l’existence dans la structure du monde. » (1)

 

Les âmes devront passer sur le Pont Trieur (= jugement) vers le paradis, le purgatoire ou l'enfer.

Peu avant la dissolution du ''monde mélangé'' (Apocalypse) viendra le ''Sauveur'' qui contribuera à éliminer les dernières impuretés des âmes. Et l'ensemble des âmes ''purifiées'' passant, le moment venu, dans le ''Royaume de Dieu'', entièrement spirituel. Les âmes des animaux passant directement. Là, intervient la résurrection des corps où tout un chacun sera doté d'un corps spirituel, inaltérable et éternel.

Une eschatologie remarquable. Un monothéisme explicite, éthique, uniquement spirituel, qui porte déjà en germes l'intégration ''écologique'' de l'humain, du vivant, et de l'inanimé. Saint François d'Assise avait bien rouvert l'ouvrage, qui mérite d'être mené à terme.

 

« L'homme dépend, pour les biens de ce monde, des actes du Destin [aléas du monde physique & interactions avec les autres êtres vivants], mais de ses propres actions pour les biens spirituels du monde futur. » (Maneckji Nusserwanji DHALLA – Théologien et prêtre Parsi).

 

La théologie zoroastrienne ne prévoit pas d'acteur ''maléfique'' qui dirigerait ou orienterait les humains pour leurs choix. Par ailleurs, il n'y a pas de prédestination. La fin spirituelle heureuse au Royaume de Dieu est une espérance qui dépend de l'interaction des choix libres de chacun.

 

 

> le passage des Gathas à l'Avesta

 

Les troisièmes et second millénaires avant JC avaient connu de grandes migrations de populations d' Aryas vers l'Iran, Proche Orient, Hindou-Kouch.

La religion de l'Iran ancien n'est donc pas une même religion qui se transforme, au cours des siècles, en prenant diverses formes. Il s'agit de religions d'origines différentes, surtout en ce qui concerne les noms de divinités suprêmes. (1) (Le reste étant centré sur les sacrifices.) On pense que de nombreuses communautés religieuses différentes s'étaient établies, qui avaient des échanges durables entre elles, aussi en termes religieux. Pendant des siècles.

 

Abbas Echraghi mentionne les travaux de l'iranologue Henrik Samuel Nyberg, qui concluait que, aux débuts de l'empire Perse, l'Est du pays suivait alors plutôt Ahura Mazda, tandis que l'Ouest vénérait davantage Zurvan.

 

Ainsi, le Zoroastrisme originel de Bactriane (à l'Est), ne s'est guère étendu plus loin que l'actuel Téhéran. Car, avec l'extension de l'empire Perse vers l'Est, les Mages (Tribu Mède de prêtres héréditaires) étaient bien organisés pour résister aux autres religions, et au besoin de les intégrer-phagocyter. Notons que les Mages s'étaient ralliés au souverain perse dès la chute d'Astyage.

 

La ''besace théologique'' des Mages était polythéiste (principalement zurvano-mazdéenne) avec sacrifices et adjonction de 'services' de magie & de divination... tout en se disant disciples de Zoroastre. « A la suite de l'extension de l'empire à l'ouest, des colonies de Mages s'établirent dans toute l'Asie Occidentale pour y jouir d'un prestige grandissant dû à l'éclectisme de leurs connaissances et au syncrétisme de leur religion » (2) (Paul du Breuil)

 

Et cela va avoir de grandes conséquences. Ainsi, « le zurvanisme, qui va introduire ses conceptions dans le zoroastrisme d'alors par le biais des Mages, voit donc Ahura Mazda opposé directement à Ahriman (...). C'est de cette vision zurvanite, zoroastrianisée plus tard, d'un dualisme radical, que découlera la légende du dualisme formel de Zoroastre » (2)

 

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Source : chapitre « La Révolution Religieuse  » / p. 96

Ouvrage « Zarathoustra et la transfiguration du monde »

par Paul du Breuil – Payot - 1978

 

 

Ainsi, « les prêtres qui ont fait l'assemblage des textes de l'Avesta récent sont reconnus comme responsables du passage au dualisme qui caractérisera la religion zoroastrienne tardive. » (1)

 

Un point capital que souligne Echraghi est l'importance du facteur politique dans l'inclination vers une religion dualiste : dans une époque où le pouvoir des rois pouvait s'affaiblir, la division claire Bon/Mauvais « facilitait grandement le contrôle et la répression des mouvements de pensée dans la société. » J'ai traité récemment de ce même problème pour une autre religion, relatif à la rédaction de points essentiels de la Septante. (4)

 

 

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image = Côté gauche = La pesée du cœur (= la conscience) lors du jugement de l'âme. (vers 1275 av JC) - (Scène issue du papyrus d'Hounefer - British Museum) – Public Domain -Anubis tient le défunt par la main. (la tare sur la balance, c'est Maât, symbolisée par une plume. Le défunt devait réciter la longue liste rituelle des fautes qu'il n'a pas commises durant sa vie. A chaque mensonge, le poids du coeur augmente... Et la bête est là pour dévorer les coeurs non purs. L'âme se trouve alors instantanément tranchée, détruite.)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jugement_de_l%27%C3%A2me_(%C3%89gypte_antique)#/media/Fichier:The_judgement_of_the_dead_in_the_presence_of_Osiris.jpg

 

 

 

>>> LE MYTHE DE LA TRINITÉ DE AMON

(avec Rê et Ptah)

 

Le peuple Égyptien mit à profit ses singulières dispositions intellectuelles et esthétiques « pour organiser un système politique des plus ingénieux, des plus durables et des plus sûrs. Une profonde expérience de la vie sociale et de la réalité métaphysique le conduisit à penser que le monde était la propriété d'un démiurge créateur qui possédait l'univers parce que c'était son œuvre. Les Égyptiens surent faire de leur roi le fils de ce dieu. Et du coup, par delà le droit éphémère d'une conquête, ils justifiaient juridiquement et métaphysiquement le pouvoir politique. Mais par là même, ils le soumettaient à une norme inéluctable. Le Dieu avait donné à son œuvre une loi fondamentale, Maât. Et le roi était tenu de la respecter et de la faire respecter partout. Ainsi, la royauté divine prend la suite terrestre de la création intemporelle et est un gage d'éternité. Si Maât était indispensable au Dieu, à plus forte raison l'était-elle au roi. » François DAUMAS (8) p. 508

 

Maât, c'est « l'ordre juste du monde » selon la très pertinente expression de Bernadette MENU. Et, en outre, c'est à la fois la Justice, la Vérité, l'Ordre, la Paix, l'Harmonie, l’Équité, le Respect, la Dignité.

Ne pas respecter Maât, c'est déranger l'Ordre Cosmique et donc l'Ordre Terrestre placé sous la responsabilité du Roi égyptien, fils de Dieu. Tout est lié !

Les Egyptiens d'alors enseignaient que le Coeur de l'homme est son propre dieu. Comme ils pensaient que le coeur était le siège de la conscience, de l'intellect, cela impliquait que l'homme était doté du libre arbitre, et était donc responsable. Le Mal ne pouvait provenir que de l'homme. L'âme de chacun faisait l'objet d'un jugement post-mortem (dont le rituel est représenté sur le papyrus ci-dessus). Ici l'âme est accompagnée au jugement par Anubis. Jugement qui décidera de son accès (ou non) à l'au-delà.

 

Le Dieu Créateur Unique Aton n' apparaît qu'à la fin d'un très long processus, qui a commencé et s'est poursuivi dans la société égyptienne, bien avant l'avènement d' Aton.

Sans remonter aux lointaines origines, je débute avec le dieu Amon, déjà mentionné sous Pépi 1er (vers 2500 av. JC). A l'époque, Amon était encore le dieu d'une petite bourgade de Haute Égypte. Puis, le vizir Amménémès 1er (vers 2000 av. JC) devient roi, et son dieu Amon est élevé à la dignité dynastique.

Amon sera alors progressivement doté des attributs auparavant attribués à d'autres dieux. Par exemple, par la fusion d' Amon avec Min (Dieu ithyphallique Africain de la fertilité), Amon devient aussi le dieu qui féconde la terre.

A la fin du processus, Amon « a remplacé tous les autres dieux dans la création du monde. Il est devenu le démiurge par excellence, l'auteur de toute la création. » Bientôt, « Il n'a pas d'autres dieux auprès de lui aux origines et ceux qui furent après lui, c'est lui qui les a créés. » 

 

Un Hymne à Amon vieux de près de quatre millénaires confirme : « Tu es l’unique, aux mains nombreuses, qui a créé tout ce qui est, Père des pères de tous les dieux (...) Amon, qui s’est produit au commencement, Sans que son mystère soit connu. Il n’y eut pas de dieu avant lui, (…) Il a façonné son oeuf lui-même. (…) Aucun dieu ne connaît sa vraie forme (…) Il est trop mystérieux pour que soit révélée sa gloire ; Il est trop grand pour être examiné, trop puissant pour être connu. On tomberait à l’instant mort d’effroi, Si on prononçait son nom que personne ne peut connaître (…) » (8)

 

On comprend que « L’Égypte antique avait conçu très précisément l'unité absolue du divin » sans cependant pouvoir « renoncer à aucune des conceptions religieuses élaborées antérieurement » car elles « avaient reçu de cette consécration une valeur sainte (...) » (8) p. 317

 

Cependant, vers le XV s. av. JC, les prêtres thébains affirmaient que « Trois sont tous les dieux. Amon, Rê et Ptah qui n'ont pas leur pareil. Amon est son nom en tant que caché ; Il esr Rê pour la face et son corps, c'est Ptah. » (8) p. 316 Notre première Trinité

 

La fin de la transition du pseudo-polythéisme d' Amon vers le monothéisme revendiqué pour Aton a été amorcée vers 1400 av. JC, quelques années avant Akhenaton (v. 1340 av. JC).

En effet, les frères jumeaux Souti et Hor (Architectes d'Amon sous Aménophis III) ont rédigé deux hymnes dans lesquels le Soleil est glorifié dans sa réalité physique mais aussi en tant que ''personne''. Et l'hymne lui fait absorber ''les dieux célestes'' : Khépri le scarabée, Horus le faucon, Amon devenu le dieu de l'air, et Khnoum le potier. (13) (Article de Jean SAINTE-FARE GARNOT)

 

> ATON, Dieu explicitement monothéiste.

Vers 1340, donc, Akhénaton lancera le monothéisme absolu dans lequel tous les attributs de tous les anciens dieux sont concentrés en Dieu, symbolisé par le Disque Solaire.

Dieu a donc façonné tous les êtres (du vermisseau au Roi d’Égypte) et il s'occupe de chacun d'eux avec la même tendresse, comme une mère. En outre Son Amour est universel et n'est pas limité au Royaume d’Égypte.

 

En Égypte, le monothéisme absolu n'est apparu qu'après une fort longue gestation, et en passant par l'épisode de la Trinité avant de s'affirmer explicitement monothéiste.

 

''La Trinité'' par Andreï Roublev - Public Domain

Représentation des trois anges reçus par Abraham

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ic%C3%B4ne_de_la_Trinit%C3%A9

 

La Lumière de Gloire (le Xvarnah zoroastrien) est «  cette Gloire sacrale que manifeste le nimbe stylisé qui, de la figure du Saoshyant (le Sauveur mazdéen), est transféré en Occident aux représentations du Christ et des Saints ; en Orient aux figures de Bouddhas, voire en Islam Shîite à l'iconographie des saints Imâms. »

Le Xvarnah est aussi cette lumière qui émane du centre de l'étoile à six branches zoroastrienne (originaire de l'Indus antédiluvien), dont chaque branche représente un idéal spirituel. Forme d' Étoile plus tard aussi adoptée par le Judaïsme)

Voir aussi : http://www.teheran.ir/spip.php?article216#gsc.tab=0

 

 

 

>>> LE MYTHE DE LA TRINITÉ DE YHWH

avec (ou sans ?) ses Fils

 

Autant que je sache, l'idée de Trinité est absente de la Septante. J'en conclus donc que ce ''concept théologique'' a été élaboré par les Chrétiens (post-Jésus, donc), et qu'ils sont allés chercher dans la Septante un texte dans lequel ils ont voulu voir une manifestation de cette Trinité, qui y serait apparue avant que le concept ne soit explicité par certains Chrétiens.

Ce texte, c'est Genèse 18, dans lequel il est dit que trois hommes se présentèrent devant la tente d'Abraham qui, instantanément sut que l’Éternel était devant lui. 

 

 

YHWH est un dieu ''composite'',

qui, dans la Septante, présente des particularités hétéroclites/ contradictoires.

En effet, YHWH n'est pas apparu suite à un lent processus millénaire de ''maturation'' des idées, comme ce fut le cas en Egypte. Ce processus de maturation a été en grande partie remplacé par l'agrégation d'emprunts de mythes & traditions originaires principalement de cultures d'expression non-sémitiques.     

 

> YHWH, dieu d' Arabie (5a).

 

La Septante suggère que YHWH aurait été le dieu originel du peuple de Dieu, mais qu'il aurait été oublié des Judéens, qui se seraient mis à suivre d'autres dieux (Juges 2:12)...

On sait par la Bible que YHWH était un dieu déjà vénéré en pays de Madian/ Hijaz avant que Moïse ne fasse sa connaissance. (Exode 3 : 1-5). A cette occasion, l’Éternel informa Moïse qu'il était le Dieu d' Abraham, d'Isaac, et de Jacob, et présente ces derniers comme étant les lointains ancêtres de Moïse...

Par cette ''opération de communication'', on transforme un dieu nouvellement introduit sur un territoire en un dieu qui aurait été le premier dieu du peuple sur ledit territoire, mais que ledit peuple l'aurait ensuite 'oublié'.

L' historien libanais Kamal Salibi va plus loin en affirmant que "La Bible est née en Arabie" et plus précisément en Asir (sud du Hijaz / sud-ouest de l'Arabie Saoudite). Il trouve vraiment beaucoup plus de lieux bibliques en Asir qu'en Palestine, y compris des lieux introuvables en Palestine. On suppose que les migrants d'Asir, suivant la route caravanière du ''Yémen'' à Gaza, auraient utilisé les noms de lieux de leur pays d'origine pour ''baptiser'' certains lieux de Palestine.

La méthodologie de Salibi est expliquée en détail, et contrôlable de A à Z. Voir l'article :

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/la-bible-est-nee-en-arabie-par-238843

 

 

> YHWH, Dieu unique... ou pas !

 

Certains versets de la Septante indiquent clairement qu'il n'y a qu'un Dieu, et que c'est YHWH.

(Deut. 6:4) « Écoute, Israël ! l'Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel.

(Esaïe 45:6) « C'est afin que l'on sache, du soleil levant au soleil couchant, Que hors moi il n'y a point de Dieu : Je suis l'Éternel, et il n'y en a point d'autre. »

 

D'autres versets, par contre, indiquent clairement que nous avons affaire à un polythéisme.

(Psaume 82:1) « Dieu se tient dans l'assemblée de Dieu ; Il juge au milieu des dieux.

(Genèse 6 : 1-2) Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent.

(Job 1 : 6) … Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel,...

(1Rois 22 : 19) Et Michée dit : Écoute donc la parole de l'Éternel ! J'ai vu l'Éternel assis sur son trône, et toute l'armée des cieux se tenant auprès de lui, à sa droite et à sa gauche.

(Psaume 82:6) J'avais dit : Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très Haut. »

 

 

> YHWH et Elohim

 

Elohim, ''pluriel singulier'' apparaît au premier chapitre de la Genèse, avec la création de l'homme et de la femme à son image (Gen. 1 : 26-27). Ce qui suggère l'existence du couple divin : Yahvé et Ashéra (ref. Thomas Römer). En effet, YHWH est dit avoir pris la place de Baal dans le Temple de Baal et Ashéra. Dans un premier temps, YHWH ''récupéra'' la parèdre de Baal. Le premier Temple attribué à YHWH était en fait celui de Baal. (ref. Juges 6 : 25-26 / 2Rois 23:4-7 / 2Rois 21:7 / 1Rois 15:13)

 

Le ''singulier pluriel'' Elohim peut aussi fort bien suggérer qu'il n'y avait qu'un Dieu dans le monde, mais qu'il était connu sous différents noms, et qu'ils étaient vénérés avec une variété de rituels et de croyances. Ce qui justifierait d'ailleurs l'appropriation logique, dans une Septante-potpourri, de nombre de Récits et de Traditions millénaires issus de différents peuples de la région (la plupart d'expression non-sémitique). D'où la pratique, discutable, consistant à prétendre faire remonter ce Judaïsme sans au-delà de la Septante (alors donc encore un Judaïsme ante-partum ) à ces fort lointaines racines 'étrangères' adoptées.

Pour illustrer cet aspect d'appropriation, voir en (6) un exemple remontant au XXIII siècle avant JC en pays de Sumer. Soit deux millénaires avant la rédaction du texte attribué à Esaïe, durant l'exil à Babylone.

 

 

> Satan, Fils de YHWH

 

Dans la Septante, Satan n'apparaît aucunement méchant ou mauvais.

(Job 1 : 6-7) « Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. L'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel : De parcourir la terre et de m'y promener. »

 

Pourtant, une lecture superficielle de la Septante peut laisser penser que Satan a un mauvais fond. Par exemple :

(Job 2 : 3) L'Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif. (Job 2:6-7) L'Éternel dit à Satan : Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête.

 

Le théologien de l'Ancien Testament Alfred Marx explique (6) : « On sait que dans l'Ancien Testament Satan fait partie de l'entourage divin. Avec le chef de l'armée de Yhwh (voir Jos 5, 13-15) et l'Esprit (voir 1 R 22, 21) il est l'un des rares membres de l'assemblée céleste à être expressément distingué. En Jb 1 et 2 il est l'un des fils de Dieu chargé plus particulièrement d'épier ce qui se passe sur terre et d'en rendre compte à Dieu. Le rôle qu'il se donne, et qui lui est reconnu par Dieu, est de sonder, par delà les apparences, les intentions profondes des fidèles et de tester la solidité de leur foi. Dans le même ordre d'idée il exerce en Za 3, 1-2 la fonction d'accusateur (cf. Ps 109, 6). Enfin, en 1 Ch 21, 1, il personnifie la colère de Yhwh (cf. 2 S 24, 1). Mais nulle part dans l'Ancien Testament Satan n'est décrit comme un adversaire de Dieu (...) »

 

 

> YHWH Dieu du Bien et du Mal

 

Les trois grandes religions originelles que nous venons de voir (Zervanisme, Zoroastrisme des Gathas, Cultes d'Amon puis d'Aton) portent une grande attention à bien séparer les entités 'en charge' soit du Bien, soit du Mal.

Dans la Septante, YHWH cumule les deux fonctions.

(Esaïe 45:7) « Je forme la lumière, et je crée les ténèbres, Je donne la prospérité, et je crée l'adversité ; Moi, l'Éternel, je fais toutes ces choses. »

(Lamentations 3:38) « N'est-ce pas de la volonté du Très Haut que viennent Les maux et les biens ?

(Jérémie 21 : 10-11) « Car je dirige mes regards contre cette ville pour faire du mal et non du bien, dit l'Éternel ; elle sera livrée entre les mains du roi de Babylone, qui la brûlera par le feu. Et tu diras à la maison du roi de Juda : Écoutez la parole de l'Éternel ! »

(Amos 3 : 6-7) « Sonne-t-on de la trompette dans une ville, Sans que le peuple soit dans l'épouvante ? Arrive-t-il un malheur dans une ville, Sans que l'Éternel en soit l'auteur ? »

 

Les Judéens exilés à Babylone ont eu connaissance des écrits Sumériens alors déjà vieux de deux ou trois millénaires, qui racontaient que les humains étaient devenus insupportables aux dieux. « Dans les récits mésopotamiens du déluge, très répandus depuis l’époque sumérienne, les rôles ont été partagés ; les dieux « méchants » décident l’extermination de l’humanité alors qu’un dieu « bon », ami des hommes, avertit son élu de la catastrophe à venir permettant ainsi la survie de l’humanité. Dans le livre de la Genèse, Yahvé, le dieu d’Israël (et le Dieu unique) assume les deux rôles : il décide d’anéantir l’humanité tout en sauvant Noé et sa famille. » (11) (Thomas Römer)

 

 

> YHWH comme Dieu-destin

 

Il apparaît en de nombreux points de la Septante que toujours YHWH serait en contrôle des événements et des gens.

Thomas Römer rappelle que « Yahvé est certes le dieu qui gouverne sur tous les peuples, néanmoins il a une relation particulière avec Israël. C’est une manière remarquable de maintenir l’ancienne idée de Yahvé comme dieu national ou tutélaire, tout en affirmant que ce même dieu est le seul vrai dieu. » (5)

 

La prédestination est décidée par YHWH

« l'Éternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes. » (Amos 3:7)

 

L’Éternel dévoile le futur glorieux réservé à ses 'ouailles', sur toute la terre.

(Gen. 18 : 17-18) « Alors l'Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?... Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. »

 

L’Éternel manipule l'ennemi pour qu'il vienne massacrer, piller et asservir Son peuple, qui aurait autrefois suivi d'autres dieux, et qui l'aurait ainsi oublié.

(Esaïe 10 : 5-6) « Malheur à l'Assyrien, verge de ma colère ! La verge dans sa main, c'est l'instrument de ma fureur. Je l'ai lâché contre une nation impie, Je l'ai fait marcher contre le peuple de mon courroux, Pour qu'il se livre au pillage et fasse du butin, Pour qu'il le foule aux pieds comme la boue des rues.

(Jérémie 21:4-6) « Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Voici, je vais détourner les armes de guerre qui sont dans vos mains, et avec lesquelles vous combattez en dehors des murailles le roi de Babylone et les Chaldéens qui vous assiègent, et je les rassemblerai au milieu de cette ville. Puis je combattrai contre vous, la main étendue et le bras fort, avec colère, avec fureur, avec une grande irritation. Je frapperai les habitants de cette ville, les hommes et les bêtes ; ils mourront d'une peste affreuse »

 

Cyrus Le Grand, empereur Perse est dit avoir été l'instrument de YHWH, qui lui donna la force pour vaincre les Babyloniens et qui l'amènera à libérer les Judéens (en même temps que toutes les autres populations exilées par les Babyloniens).

(Isaïe 45 1-2) « Ainsi parle l'Éternel à son oint, à Cyrus, Qu'il tient par la main, Pour terrasser les nations devant lui, Et pour relâcher la ceinture des rois, Pour lui ouvrir les portes, Afin qu'elles ne soient plus fermées ; ... »

 

En (Gen. 18:16-33), YHWH laisse Abraham croire qu'il lui a fait changer d'avis. L’Éternel parlait de punir durement les villes de Sodome et Gomorrhe, quand Abraham lui demanda :

Peut-être y a-t-il cinquante justes au milieu de la ville : les feras-tu périr aussi, et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui sont au milieu d'elle ?

Puis Abraham négocia pour quarante-cinq justes... puis pour quarante... pour trente... pour vingt... dix... Et l’Éternel dit finalement qu'il ne détruira pas la ville, à cause des quelques justes qui pourraient s'y trouver.

S'agit-il ici de la démonstration de l'absence de prédestination ? Ou d'un dieu hésitant ou influençable ? Mon sentiment ici est plutôt que l'auteur du récit a simplement voulu passer deux messages (outre celui que tout est dans les mains de YHWH) : l'importance de la prière et, aussi, l'idée du début de la fin des punitions collectives, un concept nouveau acquis par les prophètes Judéens auprès des Perses (comme ce fut aussi le cas pour la fin des sacrifices de premiers-nés passés par le feu avec l'insertion du mythe de Abraham et Isaac)

 

 

> Le libre-arbitre sous YHWH

 

Je ne pense pas que le concept de libre arbitre ait été approfondi dans la Septante. Et l'idée d'au-delà y est quasi absente : tout s'arrête à la mort de l'individu.

Qu'attend donc YHWH de nous ?

(Michée 6:8) On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l'Éternel demande de toi, C'est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu

Et cela est explicité plus loin :

(Deut. 30 : 15-16) Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te prescris aujourd'hui d'aimer l'Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, (...)

En périodes difficiles, une approche binaire donne un avantage au politique pour mener les gens sans traîner à penser et agir comme on l'attend d'eux.

(Deut 30:19-20) J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l'Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t'attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, (…)

 

Note JPCiron : La stèle de Sfiré (VIII s av. JC) décrit un pacte où de nombreux dieux sont appelés comme témoins. Parmi eux, on note El et Elyon (à l 'époque ils étaient encore deux dieux différents), et aussi le Ciel et la Terre, également deux divinités distinctes. Yahvé n'y apparaît pas. Détails ici  :

 https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/el-et-elyon-deux-dieux-distincts-213350

 

Le libre-arbitre ne peut donc s'exercer qu'à l'intérieur des règles de YHWH : c'est l'humble amour-obéissance. La sanction, positive ou négative, intervient toujours du vivant du croyant. C'est parfait pour le politique, car tout ce qui advient est supposé être la volonté de YHWH.

Au final, le libre-arbitre ne s'exprime 'raisonnablement', semble-t-il, que dans le moment de faire des offrandes volontaires ou d'offrir des sacrifices.

(Nb 29:39) Tels sont les sacrifices que vous offrirez à l'Éternel dans vos fêtes, outre vos holocaustes, vos offrandes et vos libations, et vos sacrifices de prospérité, en accomplissement d'un voeu ou en offrandes volontaires.

(Deut 16:10 ) Puis tu célébreras la fête des semaines, et tu feras des offrandes volontaires, selon les bénédictions que l'Éternel, ton Dieu, t'aura accordées.

(Amos 4:5) Faites vos sacrifices d'actions de grâces avec du levain ! Proclamez, publiez vos offrandes volontaires ! Car c'est là ce que vous aimez, enfants d'Israël, Dit le Seigneur, l'Éternel.

 

 

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Représentation du Père, du Fils, et du Saint Esprit (petit nuage entre Père et Fils)

Église Saint-Jacques d'Assyrie – Hauteluce – France (photo JPCiron)

 

 

 

>>> LE MYTHE DE LA TRINITÉ DE DIEU

(avec le Fils et le Saint Esprit)

 

 

Je ne reviens pas sur certains aspects du Dieu des Chrétiens qui ont été abordés dans plusieurs de mes articles. Par exemple :

« Le Nazaréen : Ses lointaines Racines Spirituelles »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-nazareen-ses-lointaines-racines-238062

« Un regard d'extraterrestre sur nos religions chrétiennes »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/un-regard-d-extraterrestre-sur-nos-243333

 

 

 

 

Représentation de la Trinité -

Auteur AnonMoos – Public Domain

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Shield-Trinity-Scutum-Fidei-compact.svg

 

 

Un Dieu unique constitué de trois divines entités distinctes, voilà qui n'est pas ordinaire... un OVNI théologique ?

Pas vraiment ! Deux millénaires avant Christ, les théologiens Thébains avaient parfaitement compris l'unité absolue du Divin ''aux mains nombreuses''. Voir à ce sujet un extrait d'un Hymne à Amon, en (8).

Et les théologiens thébains affirmaient :

«  Trois sont tous les dieux. Amon, Rê et Ptah qui n’ont pas leur pareil. Amon est son nom en tant que caché, Il est Rê pour la face et son corps, c’est Ptah. »

Ce n'est clairement plus une triade. C'est déjà une Trinité.

 

Nous avons vu plus haut que YHWH était, sous divers points de vue, un dieu composite. Il serait le même Dieu qu'ont plus tard vénéré les Chrétiens. Le moins que l'on puisse dire est que les traits de ce Dieu ont changé dans l'intervalle. Radicalement.

 

Le Dieu Chrétien a en outre des caractéristiques composites additionnelles qui se manifestent d'abord par la présence d'un fils lumineux (comme celui du zurvanisme) et d 'un Esprit Saint (comme dans le zoroastrisme).

En outre, l'architecture de l'eschatologie chrétienne est calquée sur celle Zoroastrienne. Je n'y reviens pas. Voir articles là-dessus en (10). Les Mages mèdes ont sans doute servi d'intermédiaires pour la transmission des concepts.

Le résultat est que le Christianisme a opté simultanément pour la prédestination zurvanite et pour le libre-arbitre zoroastrien : un prodige !

 

Je vais à présent essayer d'aborder de plus près trois aspects-clefs : le Mal, le Libre-Arbitre, et la Prédestination.

 

Dans le monde des lecteurs des textes bibliques, chaque entité (courant, branche, église, chapelle, secte,...) interprète son ''panier'' de textes retenus avec la logique propre de son entité. Vu le nombre fabuleux d'entités ayant existé ou existantes (qui, en outre, sont en perpétuelle évolution), il ne saurait y avoir une seule vérité, sur nombre de sujets. Et des contradictions peuvent même apparaître, pour le croyant moyen, s'il venait à lire les Écritures de l'entité à laquelle il déclare adhérer. 

 

 

> La Prédestination

 

La prédestination a été une constante dans nombre de religions antiques : du polythéisme Sumérien au Zurvanisme, à YHWH... et elle s'est poursuivie avec le Christianisme. Avant YHWH, les Zoroastriens originels faisaient déjà exception : pour eux, les humains sont co-auteurs de leur destin avec Dieu, on l'a vu.

 

La Confession de Foi Calviniste de Westminster de 1647 explicitait le fait que la Toute Puissance de Dieu prédestine le sort des élus et des damnés...

Depuis, la croyance en la prédestination est demeurée quasi intacte dans les différentes branches. :

(Ephésiens 1 : 11-12) En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d'avance avons espéré en Christ.

Voir aussi (1pierre:17-21), (Ephésiens 1:4-6)

 

Le Dieu Chrétien est donc un Dieu-Destin, similairement à Zurvan et à YHWH.

Étrangement (?), dans nos temps modernes, nous nous retrouvons dans une situation assez similaire à celle de l' antique polythéisme Sumérien (vers. 3000 av. JC). Les Sumériens avaient été créés pour servir les dieux, et le 'destin' de chacun avait été défini dès sa sortie de la ''salle de création'' où il avait été modelé à partir d'argile.

[Note JPCiron : Ce système religieux serait parfait pour un pouvoir politique despotique.]

(Ephésiens 6:5-8) Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre coeur, comme à Christ, non pas seulement sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais comme des serviteurs de Christ, qui font de bon coeur la volonté de Dieu. Servez-les avec empressement, comme servant le Seigneur et non des hommes, sachant que chacun, soit esclave, soit libre, recevra du Seigneur selon ce qu'il aura fait de bien.

 

« Les Sumériens pensaient que les grands dieux, en établissant la civilisation humaine, avaient introduit également le mal, le mensonge, la violence et l'oppression en même temps que la bonté, la paix, la justice,... » (Samuel Noah Kramer). Ce qui me semble une hypothèse raisonnable...

Cependant, les sages sumériens croyaient et enseignaient que les malheurs de l'homme sont le résultat de ses péchés et de ses mauvaises actions. C'est toujours l'homme que l'on doit blâmer, jamais les dieux. Depuis 5000 ans, rien n'a changé là-dessus.

« Malheur à qui conteste avec son créateur ! -Vase parmi des vases de terre  !- L'argile dit-elle à celui qui la façonne : Que fais-tu ? (...). (Esaïe 45:9)

 

 

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 Le fameux serpent représenté en inhabituelle posture -

Détail/ Statue à l'entrée du Sanctuaire de Santa Rita (diminutif de Margherita)

dite “Santa degli impossibili” (Sainte des impossibles-

Église S. Agostino – Palerme/ Sicile- Italie (Photo JPCiron)

 

 

> Libre-Arbitre, es-tu là ? (Genèse 3)

 

A l'époque biblique, les punitions collectives n'existaient plus depuis déjà longtemps dans le Zoroastrisme des Gathas et en Égypte (Maât). En effet, leurs religions étaient déjà basées sur le principe du Libre Arbitre (= Responsabilité Individuelle) : Le ''Livre des Morts'' égyptien nous dit que « Le cœur de l'homme est son propre dieu. » (Les Anciens Égyptiens croyaient que le cœur était le siège de l'intellect).

 

Comment concilier Libre Arbitre et Péché Originel ?

Une lecture textuelle de Genèse 3 suggère nettement que la femme et l'homme étaient avertis, qu'ils avaient un libre choix devant eux. Ils auraient pu suivre l'injonction divine. Ils ont préféré opter pour une fausse liberté : cette de suivre la voie du Mal, tout en prétendant se défausser de leur responsabilité sur les autres.

Avec une lecture symbolique on pourra comprendre que Genèse 3 montre que les humains sont des pécheurs-nés, tentés par le Mal, incapables qu'ils sont d'obéir à Dieu. Et qu'en conséquence, ils devront endurer le sort qui leur a été (pré)destiné, jusqu'à la fin des temps. La seule voie qui leur soit potentiellement ouverte étant d'opter 'librement' pour le choix de la voie morale de l’Éternel. Cependant, plutôt que de morale, ne s'agit-il pas d’obéissance, de soumission ? Car « Toute la morale religieuse du Sinaï se contenait dans l'alliance du peuple élu avec son dieu ethnique. » (Paul du Breuil)

Avec une lecture critique, la Genèse 2 & 3 nous apprend que Dieu a créé le serpent rusé et sournois. Et qu'il créa l'homme et la femme crédules et peu avisés. Et non l'inverse. Il créa aussi, à portée de main, un Jardin merveilleux.

(Genèse 2:16-17) L'Éternel Dieu donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.

Ce qui devait arriver arriva : le bonimenteur a embobiné les tourtereaux, les incitant à manger du fruit défendu. C'est le Péché Originel !

Le pauvre serpent n'a-t-il pas joué là le rôle du 'Judas de service'' ?... Pour permettre d'attribuer une punition divine à un état de l'humanité non parfaite  bien que créée à l'image de Dieu...

En outre, remarquons que si le Serpent a reçu une dure Punition c'est qu'il est Conscient et Responsable : le Serpent aurait donc Nature Humaine ! (voir Romains 13:5)

Selon l'angle sous lequel on aborde l'analyse de Genèse 3, on arrive à faire dire au texte que le Libre-Arbitre est bien là, ou bien non.

 

A mon sens, au final, l'idée proposée serait que le libre-arbitre existe, mais qu'il serait idéalement 'borné' :

(1pierre 2 : 15-16) Car c'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien vous réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés, étant libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des serviteurs de Dieu.

… comme pour les Sumériens... Jésus de dit très bien :

(Jean 6:37-38) Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.

 

Mais alors, quelle serait l'origine du Mal ?

 

 

> Le Mal, au final, d'où sortirait-il ?

 

Les théologiens de tous horizons (avec l'exception de YHWH) prennent soin d'écarter autant que possible le Mal de leur Grand Dieu 'lumineux' :

 

A - Le Mal ne vient pas de Dieu, et il n'était pas là aux origines.

Ainsi, le catéchisme Catholique affirme que Dieu a créé tous les anges ''bons'', mais que certains sont devenus 'mauvais', du fait du libre-arbitre dont Dieu les a dotés. Cette originalité théologique vient en ligne droite du zoroastrisme des Gathas (syncrétisme) véhiculé par les Mages. En outre, le péché de chacun de nous participe au Mal.

 

B - Le Mal a une origine ''historique'' (dans le seul récit biblique) et est imputable à l'humain, via le Péché Originel dont on vient de parler.

« La doctrine du péché originel a ses avantages – elle permet d’affirmer que le mal a son origine en l’homme. Et le mal a son origine dans la conduite des premiers hommes, eux-mêmes influencés par des créatures angéliques déchues ; le péché originel fait perdre la justice originelle (c’est le péché originel proprement dit) et cause une infirmité (la concupiscence) ; cette perte et cette infirmité sont perpétuées par la voie d’une ''propagation'' elle-même non définie. » (9)

 

A mon sens, l'adjonction de ''créatures angéliques déchues'' dans le processus fragilise une construction théologique déjà bien alambiquée. Car ces créatures qui viennent tenter et embobiner les humains (crédules et peu avisés), quelle est leur part de responsabilité dans le Mal, dans le ''produit final'' ? Minime ? Alors pourquoi avoir fait toute une affaire de ces créatures. Ou Majeure ? Et leur maître devrait en répondre.

 

Car « Si les deux principes contraires puisaient leur être et leur existence dans leur propre essence, sans avoir un lien réciproque, et en l'absence de l'action d'un principe supérieur, comment l'anéantissement de l'un pourrait-il se produire par l'action de l'autre ? » (1)

 

 

 

Au final, qu'elle soit nommée d'une manière ou d'une autre, l'idée de la coexistence de trois entités associées à l'idée du Grand Dieu unique a eu du succès au Moyen Orient. Cette idée originale est sans doute apparue vers la fin du troisième millénaire avant JC / début du second, et intéresse tant Amon que Zurvan et que Ahura Mazda. Bien plus tard, le Christianisme s'en est emparé, au IV siècle de notre ère. Le concept n'apparaît pas dans la Bible. C'est donc bien une construction théologique.

 

L'idée fondamentale de prédestination a été décrite par les Sumériens polythéistes, au tout début du III millénaire avant JC. Ils se nommaient eux-mêmes les ''têtes noires' (leur teint tranchait avec les peuples sémites de la région). Ils n'étaient pas arriérés ; voir l'Article « Les Sumériens : d'où donc ces génies sont-ils sortis ? » (12)

A mon sens, quand l'idée de prédestination imprègne une population, cela crée un terreau propice à l'installation de despotismes, sous toutes leurs formes. Ce qui peut aussi favoriser le développement des arts, sciences et lettres, promus par certaines castes ''privilégiées''.

L'idée de prédestination était fortement imprégnée dans le Zurvanisme et dans le culte du YHWH de la Septante. Ce dernier fut ''installé'' en Yehud, vers la fin de l'Exil à Babylone, via un coup politique violent dont la ''loi de Dieu'' était le bras théologique.

 

Ce qui me surprend est que le concept de prédestination soit toujours présent et vivant chez les Chrétiens, 2300 ans plus tard ! Alors qu'en Égypte et en Perse, l'idée de Libre Arbitre individuel était alors déjà au centre de la vie sociale, de la morale, et de l'accès (via jugement) à la vie éternelle. Ce libre-arbitre là était synonyme de pleine responsabilité.

En effet, chez les Anciens Égyptiens (Maât) et chez les Zoroastriens (Gâthas), en l'absence de prédétermination, le libre arbitre n'a pas de bornes. Et le Mal ne peut qu'être humain. En effet, la distinction entre bien et mal est une création conceptuelle humaine qui n'existe que dès l'instant où l'on y croit (ou que l'on fait mine d'y croire). Mais sans ce ''couple'', comment manoeuvrer les peuples ?

A ce propos, voici une analyse qui montre que la Septante n'est pas le livre Théologique que l'on croit, mais est le bras religieux d'un Coup Politique préparé en grande partie durant l'exil à Babylone, dans une Perse Achéménide faiblissante, et mis en oeuvre durant son effondrement. Cette analyse est intitulés : "Le Mythe de la ''Loi de Dieu'' (Septante)'' qui est articulée en quatre volets :

> Les étonnantes Mues Bibliques de fin d'époque Perse Achéménide.

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/1-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-246029

 > L'Au-delà dans la Bible : l'apport précurseur des Peuples d'expression non-sémitique

 https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/2-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-246036 

> L' énigme de l'absence d' Au-delà dans la Septante

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/3-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-246219

> La Septante : bras religieux du coup Politique en Yehud - Canaan

 https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/4-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-la-246220   

 

Chez les Chrétiens, il est dit que des êtres maléfiques tentateurs testent l'obéissance des Croyants, et promeuvent le Mal, usant aussi de la ruse et du mensonge. La prédétermination implique que les actions de ces êtres maléfiques, sur le temps long, font nécessairement partie du processus déterministe du Dieu tout-puissant. De ce fait, le libre-arbitre humain se réduit au mieux à l'obéissance, à la prière, et à la contemplation. Néanmoins, le Mal est réputé ne venir que de l'humain. Comme chez les Sumériens.

Sur ce sujet, je propose l'article : 

"Le Mythe de la lutte du Bien contre le Mal"

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-mythe-de-la-lutte-du-bien-250709

 

 

Le Bien et le Mal, tout comme le Vrai et le Faux, sont sujets à discussions. Boris Cyrulnik ne disait-il pas « Une vérité absolue, en arrêtant le plaisir de penser donne le plaisir de réciter. »

 

 

JPCiron

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Note JPCiron  : Claude Lévi-Strauss a plusieurs fois souligné en creux la pauvreté de nos mythes, en insistant sur la richesse des mythes des peuples premiers . En effet, les mythes de ces derniers considèrent une continuité dans le vivant. Il indiquait par exemple que, pour les Indiens d'Amérique les mythes évoquent souvent « une histoire du temps où les hommes et les animaux n'étaient pas encore distincts. » Il ajoutait : «  Cette définition me semble très profonde. Car, malgré les nuages d'encre projetés par la tradition judéo-chrétienne pour la masquer, aucune situation ne paraît plus tragique, plus offensante pour le cœur et l'esprit, que celle d'une humanité qui coexiste avec d'autres espèces vivantes sur une terre dont elles partagent la jouissance, et avec lesquelles elle ne peut communiquer. »

Lévi-Strauss déclarait par ailleurs que « Jamais mieux qu’au terme des quatre derniers siècles de son histoire, l’homme occidental ne put-il comprendre qu’en s’arrogeant le droit de séparer radicalement l’humanité de l’animalité, en accordant à l’une tout ce qu’il retirait à l’autre, il ouvrait un cycle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d’autres hommes, et à revendiquer, au profit de minorités toujours plus restreintes, le privilège d’un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l’amour-propre son principe et sa notion  »

Le Zoroastrisme des Gathas, voici près de 4 millénaires, avait créé une Alliance entre l'homme et le vivant : le premier respectant et protégeant les seconds (y compris donc leur-notre habitat). Mon sentiment est que notre futur sera Spirituel, ou ne sera pas.

 

°°°°°°°°°°°°° NOTES °°°°°°°°°°°°

..... >> Mes citations de la Bible sont de Louis Segond 1910

 

….. (1) – Ouvrage « Le Mythe Persan des Jumeaux  » par Abbas Echraghi – L' Harmattan - 2022

 

….. (2) – Ouvrage « Zarathoustra et la transfiguration du monde » par Paul du Breuil – Payot - 1978

 

….. (3) Article sur l'Ouvrage « Les Gathas, le livre sublime de Zarathoustra » par Khosro Khazai Pardis – Albin Michel - 2011

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/les-gathas-le-livre-sublime-de-225521

 

….. (4) – Article 4 / 4 « Le mythe de la ''Loi de Dieu'' – La Septante : bras religieux du coup politique en Jehud-Canaan. »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/4-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-la-246220

 

….. (5) - Thomas Römer. « Le problème du monothéisme biblique. » Revue Biblique, 2017, 124 (1), pp.12-25. ff10.2143/RBI.124.1.3206581ff. ffhal-03825681f ( https://hal.science/hal-03825681/document )

 

(5a) : « Aux patriarches et à leurs descendants, Yahvé se révèle, selon l’écrit sacerdotal, comme étant « ElShaddaï » (Gn 17,1-2). Le milieu sacerdotal utilise ce nom pour expliquer que le dieu qui s’est révélé à Abraham doit, par conséquent, aussi être connu d’Ismaël, le premier fils d’Abraham, ancêtre des tribus arabes, et d’Ésaü, le petit-fils d’Abraham et ancêtre des Édomites. En recourant à « El Shaddaï », les rédacteurs sacerdotaux utilisent un nom qu’ils présentent comme archaïque mais qui était, à son époque, encore un nom divin vénéré en Arabie. »

 

….. (6) - Marx Alfred. « La chute de ''Lucifer'' » (Esaïe 14,12-15 ; Luc 10,18). Préhistoire d'un mythe. In : Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 80e année n°1, Janvier-mars 2000. Hommage à Marc Philonenko. pp. 171-185 ; doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.2000.5600 https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2000_num_80_1_5600

 

Exemple d'appropriation de l'antique poème sumérien « Victoire d' Inanna sur Ebih » pour la rédaction de Esaïe 14.

« Dans le poème sumérien, comme aussi en Es 14, il est question d'une grande puissance qui épouvante la terre et d'un personnage appartenant au monde céleste qui, dans l'un et l'autre texte, est Vénus. Dans les deux poèmes, cette grande puissance se caractérise par son orgueil qui le conduit jusqu'à (vouloir) s'égaler aux dieux et à s'asseoir sur leur trône. Et dans les deux cas, cet orgueil est châtié et il est mis définitivement fin à son empire. Les analogies portent même sur la forme, les deux textes faisant usage à la fois de la métaphore végétale et de la métaphore mythique mêlées à des descriptions réalistes.

Ces analogies entre les deux textes sont bien trop précises pour être purement fortuites. De toute évidence, l'auteur d' Es 14 a connu, sous une forme ou sous une autre, le poème sumérien. Il l'a réutilisé en l'adaptant à ses objectifs . »

 

….. (7) - (Yasna 31.9) « O Très Sage Seigneur, de toi vient le zèle, la parfaite dévotion, en toi réside l'ouvrier, l'artisan du monde, en toi la souveraine sagesse qui laissa l'âme libre sur les chemins qui mènent au bon et au mauvais pasteur !  »

 

….. (8) - Ouvrage « La Civilisation de Égypte Pharaonique  » par François DAUMAS – Arthaud – 1965

 

….. (9) – HORNER Robyn, « Problème du mal et péché des origines », Recherches de Science Religieuse, 2002/1 (Tome 90), p. 63-86. DOI : 10.3917/rsr.021.0063. URL : https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2002-1-page-63.htm

 

….. (10) Quelques Articles sur le Zoroastrisme.

Zoroastre : sa révolution Théologique

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-sa-revolution-210455

Zoroastre : son Eschatologie (de la Genèse au Royaume de Dieu)

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-credo-et-son-210639

Zoroastre, une antériorité bien dérangeante

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-une-anteriorite-bien-211845

Les Gathas : le livre sublime de Zararhoustra

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/les-gathas-le-livre-sublime-de-225521

 

….. (11) - Thomas Römer. « Le problème du monothéisme biblique ». Revue Biblique, 2017, 124 (1), pp.12-25. ff10.2143/RBI.124.1.3206581ff. ffhal-03825681

 

….. (12) – Article « Les SUMÉRIENS : d'où donc ces génies sont-ils sortis ? »

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/les-sumeriens-d-ou-donc-ces-genies-222539

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/qui-sont-les-veritables-inventeurs-222120

 

….. (13) – Article « Les idées religieuses des frères jumeaux Souti et Hor, architectes d'Aménophis III. » par Jean SAINTE-FARE GARNOT. - In : Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 92ᵉ année, N. 4, 1948. pp. 543-549 ; doi : https://doi.org/10.3406/crai.1948.78337 https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1948_num_92_4_78337

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41 réactions à cet article    


  • Montdragon Montdragon 30 décembre 2023 21:36

    La trinité vue depuis le prisme sémite.

    Dumézil doit gerber dans sa tombe !

    Retournez à l’église et laissez les scientifiques faire le job.


    • JPCiron JPCiron 30 décembre 2023 22:22

      @Montdragon
      Bonsoir,
      Soyez certain que nous ferons le meilleur usage possible de vos savants conseils.


    • Seth 31 décembre 2023 12:17

      @Montdragon

      Le prisme sémite ????? smiley


    • rogal 31 décembre 2023 03:36

      Au cas où vous n’auriez pas encore signalé ce petit ouvrage collectif sérieux, qui traite du monothéisme dans son évolution :

      Enquête sur le dieu unique chez Bayard, Le Monde de la Bible, 2010.


      • JPCiron JPCiron 31 décembre 2023 09:24

        @rogal
        Bonjour,
        Merci pour cet ouvrage, que je ne connaissait pas.
        Jean Bottéro, c’est toujours sérieux ! Je vais le commander.
        J’avais lu plusieurs livres de Jean Bottéro, voici une vingtaine d’années (l’épopée de Gilgamesh) (la plus vieille religion) (L’histoire commence à Sumer  avec Kramer) (...)
        .
        Nombre d’auteurs sérieux travaillent cependant sur leurs axes de préférences. Aussi, il est bon de consulter différents auteurs.


      • rogal 31 décembre 2023 12:12

        @JPCiron
        En tout cas, bravo pour votre travail !


      • JPCiron JPCiron 31 décembre 2023 12:24

        @rogal
        Merci pour votre gentille appréciation.
        J’écris au départ des Articles pour moi-même, vu ma mémoire peu brillante.
        Et les publier me permet de recueillir des points de vues complémentaires ou contradictoires... tout bénef pour moi...


      • Sirius S. Lampion 31 décembre 2023 09:34

        Merci pour toutes ces références.

        J’ai appris plein de choses.

        Pensez-vous qu’il y ait un rapport quelconque avec les trois fonctions indo-européennes ?


        • JPCiron JPCiron 31 décembre 2023 09:40

          @S. Lampion

          Bonjour,
          Merci pour votre bienveillant commentaire.
          Je ne sais pas est ma réponse initiale...
          Je vais lire votre PDF et regarder un peu autout, pour me faire une idée...


        • Sirius S. Lampion 31 décembre 2023 11:03

          @JPCiron

          Il y a peut-être aussi à creuser du côté de la triquétra et du triskell.


        • JPCiron JPCiron 31 décembre 2023 15:47

          @S. Lampion

          J’ai joint ces deux liens au PdF, dans un fichier spécifique...
          Merci


        • JPCiron JPCiron 2 janvier 23:13

          @S.Lampion

          < Pensez-vous qu’il y ait un rapport quelconque avec les trois fonctions indo-européennes  ? >


          Que dit ce schéma selon votre Article de Le Goff ? Que les Indo-Européens considéraient que beaucoup de mécanismes visibles et invisibles du monde sont assurés par le jeu harmonieux de trois types d’action/fonctions dont chacune requiert les deux autres sans se confondre avec elles. Ce sont (le Sacré & le Pouvoir souverain, source du Droit), (La Force physique ) , et (La Masse du corps social, productrice)


          Il ajoute que ce schéma semble surgir en Europe vers l’an mille, avec une idée de société structurée « cleric / Knight / Workman » :

          https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cleric-Knight-Workman.jpg

          Or Dumézil a démontré que ce schéma n’était pas originellement Chrétien. >> d’où vient-il ? On parle de la Scandinavie, des Teutons, des Celtes,...


          Je rejoins assez la réflexion de Le Goff sur le point de l’approche de la religion comme ’’formulation théorique des rapports de classe aux mains des couches dominantes de la société.’’ C’est d’ailleurs mon analyse de la Septante comme véritable outil pseudo-théologique de prise de possession-domination sur un territoire :

          https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/4-4-le-mythe-de-la-loi-de-dieu-la-246220

          A mon sens, le schéma-Septante lui-même n’est pas explicitement Chrétien, mais est bien un outil ’’standard’’ de domination sur un territoire, qui ’’conduit’’ à un schéma social qui ressemble à une structure assez universelle de domination. Religieux > Lois > Roi > population.


          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


          Le Goff mentionne le problème de l’identification du ’’maillon qui relierait le schéma médiéval à ses antécédents antiques en Asie, et en Europe’’ (Irlande, monde celtique)

          Le mot maillon évoque un processus assez simple et linéaire, alors que le thème indo-européen évoque plutôt complexité, intrications, apports spécifiques

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Indo-Europ%C3%A9ens


          Des schémas symboliques composé de 3 éléments ne sont pas rares, et sont trouvés un peu partout :

          > La Trisquetra (IV à XII s / Nord Europe) (récupéré par les Chrétiens)

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Triquetra


          > Le Triskèle

          (V – II s. av. JC) à Tène/Suisse

          (300 av. JC) à Syracyse/ Sicile (sans traces Celtes)

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Triskèle


          (3200 av. JC ) à Newgrange, Irlande :

          https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Newgrange,_Ireland.jpg


          Jacques Freu assène : « Le problème des origines indo-européennes ne sera, sans doute, jamais parfaitement résolu. »

          Cependant, La zone Iran-Anatolie-Yamma se trouvant au centre du monde Indo-Européen, je vois mal comment l’idéologie tripartite, qui traverse la mythologie/ la vision du monde / la structure sociale aurait pu épargner les Triades-Trinités étudiées. On remarque seulement que 1) le monde de YHWH y semble étranger (et, à mon sens, pour les raisons évoquée dans mes 4 articles sur la Septante) et 2) que le Christianisme a fort tardivement partiellement intégré l’aspect Trinité. Pour ce qui est de l’an mille, je vois cela comme une simple adaptation opportuniste de justification de domination.


        • JPCiron JPCiron 2 janvier 23:15

          @JPCiron

          Voici quelques citations de J. Freu. Son long Article m’a semblé intéressant :

           Les Proto-Indo-Européens, « On ne peut étudier leurs mouvements que si l’on accepte certains ’’postulats’’ que les recherches les plus récentes rendent très vraisemblables : 1) qu’il a bien existé (...), un ’’peuple indo-européen’’, c’est-à-dire un groupe humain organisé, parlant une langue ayant ses caractéristiques propres, qui le distinguait des autres groupes humains ; 2) que ce peuple avait une civilisation originale dont la religion était la forme la plus haute et la plus élaborée  ; 3) que le ’’centre de dispersion’’ a bien une réalité, même si l’Urheimat ainsi défini ne se confond pas avec le ’’Home’’ originel, la ’’Kleinzelle’’, où cette population s’est d’abord diffé-rentiée. Mythologie et sociologie comparées ont permis, par le rapprochement des textes védiques et homériques, des traditions épiques latines, celtes et germaniques de retrouver, sous des oripeaux variés, le même modèle ancien, bien structuré d’une ’idéologie tripartite’’.

          (…)

          Le pays où l’on peut chercher le berceau des Proto-Indo-Européens doit répondre à des conditions précises : 1) être situé au centre d’une zone immense allant de l’Irlande au Sinkiang et à l’Inde du nord ; 2) être doté de conditions écologiques compatibles avec le genre de vie, à prédominance pastorale, des premiers Indo-Européens ; 3) posséder des restes archéologiques qui soient le reflet d’une société patriarcale et guerrière, en voie de hiérarchisation sociale, et disposant d’un animal prestigieux, le cheval. » 

          (Freu Jacques. L’arrivée des Indo-Européens en Europe. In : Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°1, mars 1989. pp. 3- 41 ; doi : https://doi.org/10.3406/bude.1989.1378 https://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1989_num_1_1_1378 )

          https://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1989_num_1_1_1378# : :text=Les%20trois%20premi%C3%A8res%20vagues%20dat%C3%A9es,d%C3%A9tach%C3%A9s%20de%20la%20souche%20commune.


        • Samy Levrai Samy Levrai 31 décembre 2023 10:30

          Passionnant comme à chaque fois, merci.


          • JPCiron JPCiron 31 décembre 2023 12:32

            @Samy Levrai
            Merci pour cette appréciation généreuse.
            Au final, identifier que des ’’réalités’’ sont en fait des Mythes peut avoir des implications sur la manière de voir le monde. Surtout quand la liste des Mythes s’allonge.... et que le Politique, souvent, s’aligne sur les croyances, même les plus folles, et agit en conséquence...


          • Gollum Gollum 1er janvier 10:31

            Bonjour. Et heureuse année 2024. smiley

            Très intéressant, comme toujours. À la base de toutes les trinités ne peut-on remonter à la trinité originelle qui serait celle de l’énergie ? Et d’une logique dite du tiers inclus...

            Voir ici : https://www.babelio.com/auteur/Stephane-Lupasco/38160

            En passant on peut citer la Trimurti hindoue : Shiva, Brahma, Vishnu ainsi que les 3 Gunas : Sattva, Raja, Tamas..

            et qui collent de façon assez évidente avec les 3 matières de Lupasco..


            • jjwaDal jjwaDal 2 janvier 10:09

              Avez-vous croisé le travail de Diana Pasulka ? Que pensez-vous de l’hypothèse selon laquelle la plupart de nos mythes anciens sont des interprétations plus ou moins erronées de choses vues et vécues par nos ancêtres ? Cette chercheuse semble avoir trouvé un lien entre des phénomènes laissées dans notre histoire et interprétées dans le cadre de la religion (Par ex contact avec un « Chérubin » de Sainte Thérèse d’Avilla au début du 16ième)) avec des descriptifs très similaires de « contactés » contemporains par « la présence étrangère » (quoi qu’elle puisse être).
              Au final nous n’en savons guère plus sur nos origines que nos très lointains ancêtres même si la science a largement décrit le décors dans lequel nous semblons évoluer et sommes toujours tiraillés entre le désir ardent de prendre nos fantasmes pour la réalité et celui de vouloir comprendre la réalité ultime des choses à n’importe quel prix.


              • JPCiron JPCiron 2 janvier 13:31

                @jjwaDal
                Bonjour,
                Je ne connais pas le travail de Diana Pasulka. Il y a plein de chercheurs qui apportent des idées nouvelles, plus ou moins intéressantes. Il faut lire pour se faire une idée.
                 l’hypothèse selon laquelle la plupart de nos mythes anciens sont des interprétations plus ou moins erronées de choses vues et vécues par nos ancêtres ? >
                L’hypothèse de choses vues ou vécues est une hypothèse assez restrictive à mon sens.
                J’aime bien l’approche de Claude Lévi-Stauss qui a suivi l’évolution de mythes qui ont voyagé sur des grandes distances (Amazonie / Aérique du Nord). Les mouvements de population ou les échanges font voyager les mythes. A chaque étape, la compréhension du mythe peut changer. Ou bien il est adapté à une réalité sociale compréhensible-acceptable. Parfois les éléments sont inversés. Ou bien la structure de l’histoire reste en place, mais les héros changent, s’intégrant alors dans le ’’paysage mythique’’ du lieu.
                Car les Mythes importants n’ont pas de vie autonome : ils s’intègrent dans un paysage de croyances déjà en place, et le modifie en même temps.
                .


              • Jean Keim Jean Keim 2 janvier 10:17

                Logiquement d’un point de vue religieux, chrétien, sans le Père, le fils et le Saint-Esprit n’existent pas, le risque de la trinité qui n’est pas explicitement mentionnée dans la Bible et donc pas non plus dans les Évangiles, est de conceptualiser chaque élément comme plus ou moins séparé des deux autres, au détriment de l’Unité de toute chose.

                Séparer un élément du tout, c’est le conceptualiser, c’est par exemple introduire une démarche scientifique qui consiste à isoler une chose afin de pouvoir l’étudier, isolément du tout dont elle provient, ce n’est pas nécessairement mal si le tout n’est pas oublié, cela devient le mal – dans le sens d’une mauvaise utilisation de l’intellect – si le concept devient plus important que l’Unité dont il provient.

                Les exemples abondent, je peux en citer au moins trois :

                > Imputer exclusivement une maladie à un ‘’microbe’’.

                > Donner la primauté à une organisation religieuse au détriment du message originel.

                > Oublier que la condition sine qua none qu’une guerre n’est possible que s’il y a des participants.

                > ...


                • JPCiron JPCiron 2 janvier 15:39

                  @Jean Keim
                  Bonjour,
                  d’un point de vue religieux, chrétien, sans le Père, le fils et le Saint-Esprit n’existent pas >
                   De mon point de vue, une Trinité est constutuée de trois éléments distincts qui sont indissociables.
                  Dans certaines cultures, on avait ainsi trois éléments divins qui ne faisaient qu’un.
                  Par exemple le Ciel, l’ Eau et la Terre.
                  Par exemple Amon, Rê, et Ptah.
                  .
                  Je pensais que c’était la même chose pour le Père, le Fils, et le Saint Esprit.


                • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 2 janvier 16:15

                  @Jean Keim
                  de La Faute, à la guerre juste.


                • Jean Keim Jean Keim 2 janvier 18:59

                  @JPCiron

                  Peut-être que influencés par d’autres religions, parmi les premiers chrétiens (gnostiques ?) certains ont voulu conceptualiser une trinité axée autour du Christ, toutefois Jésus ne dit rien à ce sujet, simplement il affirme que lui et son Père ne font qu’un, cette unité me semble essentielle, elle est souvent mise en avant par ceux qui ont connu l’éveil au cours duquel le temps et l’espace sont abolis, chaque chose fait partie indissociablement du tout ; au sujet du saint esprit, je le perçois comme une intelligence a-locale et a-causale qui s’adresse directement à ‘’l’esprit’’ de celui qui la reçoit.


                • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 07:54

                  @Sylfaën.H.

                  Une guerre juste cela peut-il exister ?

                  Il est vrai que la guerre suppose au moins deux camps, et chacun d’eux est bien entendu dans son bon droit, c’est tout au moins ce que la propagande des marchands d’armes veut nous faire croire, peut importe les belligérants, avant tout la guerre est bonne pour les affaires.


                • JPCiron JPCiron 3 janvier 09:00

                  @Jean Keim

                  Peut-être que influencés par d’autres religions, parmi les premiers chrétiens (gnostiques ?) certains ont voulu conceptualiser une trinité axée autour du Christ, toutefois Jésus ne dit rien à ce sujet, simplement il affirme que lui et son Père ne font qu’un, > 

                  A l’époque, le seule religion qui ’’comptait’’ était du côté Judaïsme.... lequel ignore le concept de bi ou trinoté...

                  D’ailleurs, il mre semble bien que ce concept Chrétien n’est apparu que vers le V s. de notre ère.


                • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 09:39

                  @JPCiron

                  Suivant les sources il semblerait que le concept de la trinité soit apparu à des dates variables, néanmoins la trinité des chrétiens est originale dans le sens où, initialement tout au moins, il n’est pas questions de trois divinités ternaires, mais plus exactement d’une manifestation trinitaire de l’Unité, je peine à expliquer ce concept qui ne m’accroche pas, initialement pour les chrétiens Dieu est un, alors pourquoi compliquer sinon pour faire le jeu de l’intellect.

                  La trinité c’est un peu comme le sexe des anges...


                • JPCiron JPCiron 3 janvier 16:59

                  @Jean Keim
                   Dieu est un, alors pourquoi compliquer sinon pour faire le jeu de l’intellect.>
                  A ce jeu de masturbation intellectuelle, le clergé y gagne grandement, car cela le maintien dans une position d’intermédiaire quasi obligatoire pour expliquer ce qui aurait pu être directement accessible au bon peuple ;..


                • JPCiron JPCiron 3 janvier 21:26

                  @Jean Keim
                   il semblerait que le concept de la trinité soit apparu à des dates variables >
                  Cependant, il semblerait que, après moult disussions sur une unique personne ou une binité (Père-Fils), et une foule de tâtonnement. Et les Chrétiens ne sont pas d’accord entre eux, encore aujourd’hui, sur l’existence d’une trinité (unitariens).
                  Cependant, les Chrétiens qui y croient semblent s’accorder sur une formulation à la fin du IV siècle de notre ère.
                  Pour d’autres religions, le concept de Trinité a été bien plus ancien, et remonte même à avant l’époque où Moïse ’’faisait la connaissance’’ de YHWH.
                  °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
                  « La formulation « un Dieu en trois Personnes » a été établie et pleinement intégrée à la vie chrétienne et à sa profession de foi à la fin du ive siècle. » (New Catholic Encyclopedia, volume 14, 1967, page 299.)
                  .
                  < une conception anachronique de la Trinité, qui correspond à la façon dont on a commencé à la définir après le concile de Constantinople en 381 (« une nature », ou « une substance », « en trois hypostases », ou « en trois personnes ») >
                  (...)
                  les théologiens qui prirent position, après Nicée, contre le terme ὁμοούσιος, introduit par le concile, non scripturaire, et d’origine philosophique, mais aussi ceux que nous associons au courant dit « homéen » qui, dans le courant du ive s., et avant Théodose ier (379-395), plaidait pour ne pas chercher à préciser les rapports entre Père et Fils, et pour dire simplement qu’ils étaient « semblables ». >
                  https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2020-2-page-15.htm
                  .
                  C’est le premier Concile de Constantinople qui fixe en 381 les termes du dogme de la Trinité et de la divinité du Fils : engendré mais non créé par le Père, vrai Dieu né du vrai Dieu, il lui est « consubstantiel ».

                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Trinit%C3%A9_(christianisme)


                • JPCiron JPCiron 2 janvier 10:22

                  Bonjour,

                  Tous mes voeux pour la nouvelle année

                  Et Merci pour votre généreuse appréciation.

                  .

                  Le concept de ’’Tiers inclus’’ de Lupasco est intéressant et pas toujours facile à saisir. Je suis allé me fafraîchir les connexions :

                  C’est donc trois pôles que cette logique reconnait : deux pôles définis par chacun des contraires et un pole qui résulte de leur relativisation réciproque. Le tiers est unificateur : il unifie « e » et « non-e ». il est impossible de comprendre cette unification non fusionnelle sans faire appel à la notion de « niveaux de réalité »

                  https://tiersinclus.fr/les-bases-de-la-logique-du-tiers-inclus/

                  .

                  Il semble qu’une trinité soit bien une forme de complexité de l’idée d’unité ; chaque élément n’existant qu’avec les deux autres.

                  L’Indus a sans doute été une source de bien des idées et des mythes qui ont été plus tard ’’récupérés’’ ou adoptés par d’autres.


                  • Gollum Gollum 2 janvier 11:32

                    @JPCiron & Enki

                    Je rajoute que le pôle unificateur du tiers inclus correspond au Père de la tradition chrétienne, comme à Brahma de la tradition hindoue.

                    Il est la source des deux autres polarités, la polarité de la matière macroscopique comme de la matière biologique. De la même façon que le Père est la source ultime, et unique, d’où le rejet par les musulmans du « polythéisme » chrétien.

                    On voit assez vite que Vishnu correspond au Fils de la tradition chrétienne, d’ailleurs les hindous font de Jésus un avatar de Vishnu c’est-à-dire une descente dans la matière, une incarnation, de Vishnu.. qui chez eux peuvent être multiples contrairement à la confession chrétienne. Correspond au pôle de la matière macroscopique entropique de Lupasco.

                    Dès lors la matière vivante hétérogénéisante de Lupasco correspond à Shiva, dieu de la sexualité et de la transformation, transformation qui suppose la mort et le devenir.. colle avec l’Esprit Saint chez les chrétiens. Si on fait appel à la symbolique des éléments, Shiva correspond au feu, élément destructeur et transformateur, Vishnu à l’Eau, élément matriciel qui préserve les formes.

                    Brahma correspond à l’Air, élément à mi-chemin entre feu et eau. Ces deux derniers étant des éléments contraires.

                    Avec ce genre d’exégèse on comprend beaucoup mieux certains éléments symboliques des diverses traditions, par exemple l’épisode des langues de feu dû à l’Esprit Saint chez les chrétiens.

                    Cela ne valide en rien par contre la réalité des événements de la geste chrétienne. Je rappelle que précisément je reste très sceptique sur la réalité des faits en eux-mêmes, Jésus ayant été pour moi très probablement un chef zélote, à mi-chemin entre activité politique et militantisme religieux et les premiers chrétiens visiblement des fanatiques obscurantistes.. Cela ne remet pas en cause la symbolique qui est venue se greffer dessus que l’on arrive à percevoir ici et là.. 

                    De la même façon, au passage, qu’il y a une réalité symbolique de Zeus, de Poseidon, sans que ces personnages n’aient eu une quelconque réalité historique.


                  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 2 janvier 16:12

                    @JPCiron

                    Il semble qu’une trinité soit bien une forme de complexité de l’idée d’unité ; chaque élément n’existant qu’avec les deux autres.

                    une complexité SIMPLE, en quelques éléments. Chaque mot, porteur du sens, peut être éclairé selon un point2vue bâti sur 2 ou 3 certitudes. L’éclairage porte la finalité, ce que l’on cherche, veut, désire : VOULOIR.
                    Le POUVOIR Doit être LE MÊME pour TOUS, iL s’appelle Le Décalogue.
                    La définition du VOULOIR en dépend.
                    PROFIT ou DURER ?
                    causalisme ou finalisme ?
                    REPETER ou VERIFIER ?
                    Le travail a été porté à nos représentants parlementaires cette fin décembre. A la rentrée, ils ont çà dans leur musette.
                    DIFFUSEZ-(ou PRIEZ, çà n’a jamais tué personne smiley
                    .
                    Merci pour vos riches références.

                  • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 08:46

                    @Gollum

                    << ... Jésus ayant été pour moi très probablement un chef zélote, à mi-chemin entre activité politique et militantisme religieux et ... >>

                    Pour mémoire, zélote : « Membre d’un mouvement nationaliste juif du Ier siècle apr. J.-C. qui prônait la lutte armée contre l’occupation romaine de la Palestine. »

                    Imaginer Jésus en chef zélote c’est comme dire d’Hérode qu’il fut un bienfaiteur de l’humanité, en fait c’est déblatérer la première ânerie qui vous traverse l’esprit.


                  • Gollum Gollum 3 janvier 10:22

                    @Jean Keim

                    Ah ça y est... Z’avez pas pu vous en empêcher... smiley (me demandais bien quand ça allait me tomber sur la tronche)

                    Ben désolé mais Jésus chef zélote c’est loin d’être idiot puisque :

                    1 partout dans les textes on le dit fils de David c’est-à-dire prétendant au trône (c’est même dans ses deux généalogies contradictoires)

                    2  ses partisans sont armés et il y a un verset de Jésus qui demande à ceux qui n’ont pas encore d’épée de vendre leur manteau pour en acheter une (eh oui les censeurs des 3 et 4ème siècles n’ont pas tout enlevé)

                    3  Ce n’est pas incompatible avec une certaine recherche de spiritualité et de sagesse... Dans le monde romain on a eu Marc Auréle qui était empereur et philosophe..

                    4  Il n’est pas impossible que le bonhomme ne fut qu’à moitié motivé pour devenir roi, et finalement sentant la chose impossible ait fini par jeter l’éponge. Trahi par les siens (Judas) il a été vendu aux romains et crucifié pour des motifs politiques romains et pas juifs.. le célèbre INRI..

                    5  la résurrection fut probablement récupérée des disciples de Mithra qui se trouvaient dans une zone de Palestine que Jésus traversa.. incorporé au corpus, plus ou moins grossi dans les siècles qui suivirent..

                    6  Le fanatisme chrétien des premiers siècles ne plaide pas en faveur du mouvement.. 

                    7  sans St Paul et sa théologie du pouvoir venant de Dieu et sa récupération par Constantin qui a compris le profit qu’il pouvait tirer du truc, plus personne aujourd’hui ne se revendiquerait de cet héritage..

                    8  la main de fer de l’Église a permis dans les siècles qui suivirent de faire durer au-delà du raisonnable cette ânerie.


                  • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 13:48

                    JiiLa @Gollum

                    Il me semblait bien vous deviner en train de piaffer d’impatience.

                    Idée générale :

                    On peut lire les Évangiles sous différents points de vue, le mien est essentiellemen celui de la spiritualité ; je ne perds jamais de vue que ce n’est pas Jésus qui écrivit sa biographie, en fait il n’a rien écrit, ses faits et gestes ont été relatés après sa mort, sans donc la possibilité pour lui d’apporter éventuellement un correctif. Je retiens essentiellement son message d’amour retranscrit notamment pas Jean un disciple qui fut un témoin direct, à ne pas confondre avec l’apôtre du même nom, message qui est totalement incompatible avec un choix tel que la lutte armée.

                    1- Il faut bien être le descendant de qq’un.

                    2 - Cf. Le 1er paragraphe.

                    3 - Absolument.

                    4 & 5 - Simples suppositions.

                    6 7 & 8 - Jésus n’était pas Chrétien, ce que ces derniers ont fait ne le concerne pas, on peut même se poser la question de savoir s’il croyait en Dieu, tout au moins dans le sens que l’entend justement un chrétien.


                  • Gollum Gollum 3 janvier 14:53

                    @Jean Keim

                    ce que ces derniers ont fait ne le concerne pas

                    Bien sûr que ça le concerne... Selon ses dires un bon arbre ne peut que produire de bons fruits.. Si les fruits sont mauvais, c’est que le truc était peut-être vicié à la base ? Ou alors Jésus pond des paraboles qui sont sujettes à caution.



                  • JPCiron JPCiron 3 janvier 16:47

                    @Gollum

                    Bonjour,
                    Grand Merci pour ce riche apport de connaissances et d’analyse.
                    Nous devons tant à l’Orient

                    Me référant à la fin de votre post, sans être capable de le soutenir et argumenter à votre niveau, j’avais l’intuition de constructions architecturales par ajouts successifs dans l’article 
                    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/un-regard-d-extraterrestre-sur-nos-243333 
                    où un greffon (YHWH) est installé sur le porte-greffe Cananéen pour arriver à la Septante. Puis un nouveau greffon zoroastrien est installé par-dessus, ce qui donnera plus de matière aux Chrétiens.
                    C’est Y.N. Harari, je crois, qui disait que pour nos religions, la toiture a plus d’importance que les fondations. Ce qui correspond un peu à la symbolique greffée dessus dont vous parlez.


                  • JPCiron JPCiron 3 janvier 16:51

                    @Sylfaën.H.

                    Bonjour, et Merci pour votre analyse et vos liens, qui demandent quelque temps pour s’en imprégner..


                  • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 17:54

                    Je n’ai pas la prétention de savoir tout expliquer, cependant il y a dans la personnalité de Jésus rien qui laisse présager une possibilité qu’il soit un zélote ; dans l’épisode des épées, Jésus constatant que leur groupe a 2 épées, juge que c’est amplement suffisant, pas de quoi parler d’un groupe armé séditieux.

                    Dans l’Indre il y a un joli village : Gargilesse-Dampierre, George Sand y séjourna, dans une petite église le Christ est peint avec une épée entre les dents, cela suffit-il pour en faire un guerrier ou est-il un homme à la parole parfois incisive ?


                  • Jean Keim Jean Keim 3 janvier 18:08

                    << Ou alors Jésus pond des paraboles qui sont sujettes à caution. >>

                    Le but d’une parabole est de faire sortir celui qui la lit de ses habitudes de penser, de l’amener à penser autrement.


                  • Enki Enki 2 janvier 10:44

                    Merci de votre développement riche d’informations, je me suis régalé. Long développement pour les fêtes, d’ailleurs : il faut trouver le temps de tout lire...

                    De mon regard, je vois que les variations de la trinité, avec le temps ne se sont faits qu’avec des dieux ouraniens. Normal, l’Iran, comme la région du M.O. est sec, cailloux et poussière, sous le grand ciel fixe qui présente sa toile vide où projeter ses interrogations, concepts, réflexions métaphysiques et son Soleil souverain. Alors on s’interroge sur le Créateur, ses lois d’airains, le Bien, le Mal, l’Absolu, le Fixe, la Pureté, le papa.

                    En régions occidentales et tropicales, ce sont des forêts et végétations touffues qui crééent la vie. Ce sont donc les oeuvres que l’on contemple, créations, compositions, le Mouvement. Ce sont les divinités chtoniennes, les Terre-Mère, Demeter et ses variantes. 

                    Les panthéons Grec et Sumérien, mélangent les divinités ouraniennes et chtoniennes. Et les notions de Bien et Mal sont compliquées entre ces dieux qui se trahissent facilement, complotent, voire s’entretuent. L’eau féminine Tiamat a son pendant masculin Apsu, qui ont créé Anu, géniteur de toute la dynastie divine Anunnaki. Mais pour que cette dynastie fasse son monde et ses oeuvres, il a fallu que le roi Marduk tue Tiamat. Le meurtre est la difficulté générationnelle, qui doit prendre place dans un monde créé par et pour des générations précédentes.

                    Enlil était un très bon gestionnaire de son domaine, un bon despote qui a valorisé le patrimoine pour son clan, sa dynastie. Enki était le turbulant dans cette caste, le chiant.... Mais il était le bienfaiteur des laboratores qui subissait le despotisme des Annunaki, les Igigi, puis les humains. On n’est pas dans l’Absolu, la Pureté, mais le relatif, des mondes dans des mondes. 

                    Idem chez les Grecs : les 4 âges de la Terre : fertilité violente et chaotique entre Ouranos et Gaïa, puis les Titans et Titanides, des brutes mal dégrossies, mais de taille et force capables de soutenir des violences telluriques encore présentes, puis les dieux et les héros, premiers humains. Avec les trahisons nécessaires pour que la nouvelle génération de créatures puissent faire sa place et des créations, mais sans tout détruire non plus. Sachant que l’Age d’Or ne peut pas durer non plus, Hésiode l’a raconté avec sa Théogonie. Bref, ce sont des enseignement de vie, plutôt que la réification du Bien et du Mal.

                    Pour reprendre Gollum, la Trimurti me semble une clé bien plus parlante et fertile à la pensée pour comprendre. Avec Shiva en arrière fond, en monde de derrière et son lingam qui tape, la pulsation du monde et le yoni de Shakti, les vibrations de qui crééent les émotions, formes, mondes, dont les couronnes du mandala en sont l’écho. 

                    Les physiciens, eux, font peut-être aussi, consciemment ou pas, leur trinité : un univers fait de matière (tangible), d’énergie (ondes, vibrations, fréquences -voir Tesla-) et comme troisième élément, l’information (la condensation, le système, l’organique, avec le ressenti, la conscience). A rapprocher peut-être des travaux de Lupasco (que je n’ai toujours pas lu) ? 

                    Bon, je ne suis pas théiste, c’est mon regard : le Créateur, le Fixe, l’Absolu, ça me semble hémiplégique pour penser et source de tous les fanatismes qui finissent par rejeter la vie écrasée par des carcans conceptuels et idéologiques. Avec son Despote et sa caste qui impose ses lois et son monde (c’est en cours aujourd’hui), au lieu de jouer avec celles de la nature et de son Cosmos, en holistique. 
                    Bien sur que la bienveillance repousse la malveillance, et c’est ce qu’il faut, mais le couple masculin/féminin sont les éléments disponibles, fertiles, créateurs, réels, plutôt que la réification du concept Bien/Mal d’origine monothéiste, avec son Gardien, toujours masculin... 


                    • JPCiron JPCiron 3 janvier 09:30

                      @Enki
                      Bonjour,
                      Et grand Merci pour votre gentille appréciation.
                      <il faut trouver le temps de tout lire... >
                      Effectivement, et c’est un choix.
                      Je n’ai pas voulu couper ce thème-là en tranches : il ne s’y prête guère, contrairement à celui sur la Septante. Et ce thème de la Trinité n’étant pas nécessairement pour les foules, ceux que cela intéresse auront mon point de vue sue r un ’’pavé’’.
                      En ce moment aussi, je ’rame’’ avec d’autres activités impératives...

                      des dieux ouraniens. >
                      Oui, avec des conditions climatiques et hydrométriques moins favorables, le peuple favorise le berger par rapport au fermier, comme dans la Septante. Et l’on délaisse les dieux liés à l’eau pour se tourner vers ceux du Ciel.

                      ces dieux qui se trahissent facilement, complotent, voire s’entretuent. >
                      Effectivement, souvent les dieux ont figure humaine...

                      Pour reprendre Gollum, la Trimurti me semble une clé bien plus parlante et fertile à la pensée pour comprendre. >
                      Intuitivement, je pense toujours à des sources importantes en vallée de l’Indus, où il y a encore beaucoup d’archéologie à effectuer et à comprendre. Comme d’ailleurs pour la zone du du Hijaz où les recherchessont interdites.
                      Côté Indus, je suis mal informé. Et il y a tant à embrasser !

                      travaux de Lupasco >
                      Oui, Gollum en a parlé. Là aussi, je suis assez sec. Où donner de la tête ?

                      Gardien, toujours masculin... >
                      Aussi chez les Sumériens, la première divinité était féminine... puis a été sopplantée par un mâle.
                      Chez les Israélites d’avant l’Exil (étaient-ils déjà israélites ???) le divin avait une structure familiale. Puis un étranger à supplanté-remplacé El et Baal, et a même ’’absorbé’’ les fonctions d’Ashéra... il fallait bien ça pour prendre le pouvoir en Yehud.
                      Puis les textes sont restés avec un relent de sacré, et ont continué à être utilisés dans les colonisations au cours des siècles, un peu partout dans le monde... par les uns et par les autres

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